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Objets…trouvés

Cette exposition n’est pas inconvenante, elle est subtile et engagée. Le designer Cheikh Diallo est présent, il explique simplement sa démarche : « La crédibilité vient du fait de répondre sur le critère du design ».

Diplômé de l’Ecole d’architecture de Normandie et de l’Ecole nationale supérieure de création industrielle, il vit entre Paris et Bamako où il fonde une association de designers africains qu’il préside depuis 2004. Sa notoriété internationale lui permet d’assurer du travail à de nombreux artisans à Bamako et de valoriser leur extraordinaire savoir-faire. Dans son pays natal, il conçoit du mobilier pour des administrations (ambassades…) édité à 200 exemplaires. Mais pour le marché du collectionneur relayé par les galeries, Cheikh Diallo fabrique des objets précieux, avec un talent de sculpteur, d’ergonome et de citoyen éco-responsable. Il utilise des matériaux recyclés, il ramasse des boites de conserves écrasées sur les routes maliennes, des rondelles mécaniques et compose des créations domestiques : petites architectures de lumière.

Le designer dénonce la consommation à outrance et les déchets non gérés de la société. Il transfigure la matière et donne à la pauvreté l’apparence du beau quant il  pare les sièges et les tables de somptueux reflets polis. Ses premières réalisations sont inspirées des techniques traditionnelles du tressage, hommage aux traditions maliennes.

Gonçalo Mabunda, originaire du Mozambique, est fondamentalement sculpteur, il rythme l’espace en contrepoint, avec d’imposants sièges — trônes symboles du pouvoir, constitués d’un collage soigné d’armes récupérées. Gonçalo Macumba dénonce à travers ses African Man Throne, Hope Throne, Sunday Throne la corruption de nombreux gouvernements africains, il évoque la guerre dans son pays natal, la compromission, l’argent sale et le pouvoir. Assisté d’une ONG, l’artiste récupère des armes qu’il anéantit dans une sculpture unique. La froideur de ses créations ne laisse pas insensible, mais, exemplaires uniques, ils expriment une révolte sourde et réservée.

La galerie Perimeter, poursuit son travail de découvreur de talents légèrement hors-cadre et témoigne d’un engagement patient et renouvelé pour l’imaginaire.

— Gonçalo Mabunda, The African Man Throne. Fauteuil. Armes désactivées et soudées. Pièce unique. 83 x 104 x 87 cm.
— Gonçalo Mabunda, The African Throne. Fauteuil. Armes désactivées et soudées. Pièce unique. 134 x 100 x 60 cm.
— Gonçalo Mabunda, The Woman Throne. Fauteuil. Armes désactivées et soudées. Pièce unique. 85 x 90 x 70 cm.