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Objet Lumière

Nous aurions voulu vous demander comment vous vous êtes rencontrés et comment vous avez fait connaissance.
Ferréol Babin. J’ai rencontré Jean-Charles en 2011 au Studio Robert Stadler, j’étais en stage et lui était son assistant.

Jean-Charles Amey. Lorsque Ferréol a fini son stage, nous avons gardé contact.

Ferréol Babin. Jean-Charles m’a d’ailleurs suivi pour la réalisation de mon projet de diplôme.

Vous ne travaillez pas ensemble, mais vous avez déjà fait des projets en commun, est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus?
Ferréol Babin. Nous avons partagé le même espace de travail pendant un moment, travaillant chacun sur nos projets, tout en discutant et en échangeant sur des envies communes. C’est ainsi qu’est né l’objet «Comb».

Jean-Charles Amey. Oui, ce projet est venu simplement, comme un besoin. Chaque jour lorsque nous partions de l’atelier, les câbles audio ou usb glissaient par terre. Cette typologie d’objet est encore très mouvante, notre intention a été de tailler un caractère par le dessin, par le choix du matériau. D’autres projets attendent dans des cartons.

Nous vous avons invité tous les deux, de quelle manière avez-vous travaillé? Comment avez-vous pensé cette exposition? Quel a été le dialogue entre vous pour construire le projet?
Jean-Charles Amey. Dès le départ, au début du mois d’octobre, nous avons défini un espace de projet relativement ouvert, qui puisse s’adapter au contexte et au temps de création disponible.

Ferréol Babin. Nous avons conçu cette exposition en définissant au départ l’envie de placer l’effet lumineux avant l’objet. Nous avons chacun développé nos idées à distance l’un de l’autre, avec néanmoins comme objectif commun de travailler la lumière comme un matériau, la refléter, la fragmenter, la colorer.

Jean-Charles Amey. En discutant, il nous a semblé juste d’élaborer des expériences lumineuses, c’est à dire à partir de l’effet construire l’objet lumière. Nous ne nous souhaitions pas nous montrer nos essais afin de préserver l’expérience de la rencontre avec la lumière. Nous avons échangé verbalement, dans le but de garder une part de liberté .

Vous avez nommé votre exposition «Objet lumière», d’où vient ce titre ?
Ferréol Babin. Nous souhaitions évoquer en même temps ce désir de parler d’effet lumineux, d’immatérialité, avec toutefois le souci de dessiner et de concevoir des objets physiques.

Jean-Charles Amey. Mettre la lumière en objet, plutôt que mettre l’objet en lumière.

Que voulez-vous présenter dans la galerie? Comment définiriez-vous votre projet: Est-ce un travail de recherche ou plutôt des prototypes?
Ferréol Babin. Du fait des seuls deux mois impartis pour mener à bien cette exposition, il a fallu avancer rapidement et sûrement afin de présenter des pièces ayant une certaine qualité de réalisation. Néanmoins pour moi ces propositions sont plus des points de départ et de réflexion que des objets achevés. À la contrainte de temps s’ajoutait également celle des moyens, puisque nous avons chacun réalisé nous-même nos prototypes.

Jean-Charles Amey. Faire une proposition dans le cadre d’une galerie permet d’approcher un peu plus en diagonale les contraintes et les qualités d’un objet. Le temps raccourci du projet permet d’aborder certains point de la conception et demande d’en approximer d’autres. Ces essais peuvent être vus comme des prototypes témoignant d’un court dialogue entre la lumière et d’autres matériaux.

Quel a été le point de départ de vos projets? Sur quoi avez-vous orienté votre propos?

Ferréol Babin. Le point de départ a été de prendre des sources d’éclairage standards, puis de voir comment je pouvais en modifier leur effet produit. Comment à partir d’une ampoule classique, je pouvais provoquer une lumière étonnante et différente, que ce soit par sa diffraction, sa couleur, sa direction.

Jean-Charles Amey. Un des points de départ est la manière qu’à la lumière de traverser certain milieu comme le liquide. C’est dans ce sens que les tentatives de projets se sont définis. En réalisant des essais directement avec la matière, en cherchant le sens d’une sensation attendue. La nécessité d’être autonome quand à la réalisation des objets s’est imposée d’elle même. Même si elle n’est pas évidente, c’est aussi une contrainte qu’imposait le temps et les moyens, cela conditionne d’une certaine manière la finalité du résultat.

Quelles difficultés avez-vous rencontré pendant l’élaboration de votre projet?
Ferréol Babin. Principalement le manque de temps et de moyens pour vraiment pouvoir essayer, se tromper, puis recommencer jusqu’à être satisfait.

Jean-Charles Amey. Le temps a été un matériau à prendre en compte dans le projet.

Selon vous jusqu’où avez-vous envie de pousser ce projet?

Ferréol Babin. Ces propositions étant pensées d’abord pour leur effet produit, il y a maintenant tout une partie fonctionnelle et d’usage à aborder. Le fait de ne pas avoir eu à se soucier de ce point permettait en même temps d’avancer plus librement.

Jean-Charles Amey. Certaines de ces tentatives et leurs territoires devront être précisés. Ces expériences deviendront plus construites et s’affineront avec la norme propre aux luminaires domestiques.

Entretien réalisé par l’Atelier BL119
Avec l’aimable collaboration de la Galerie Roger Tator