ART | EXPO

Obey

13 Oct - 29 Oct 2015
Vernissage le 13 Oct 2015

Dans le cadre du dix-huitième festival Vibrations urbaines, l’exposition Obey consacrée à l’artiste américain Shepard Fairey se focalise sur son important travail de sérigraphie. Constamment situé dans un intervalle, celui qui dissocie institution et vandalisme, amour du graphisme et réitération d’une iconologie propagandiste, sa pratique est certes provocatrice, mais résolument critique.

Shepard Fairey
Obey

Shepard Fairey, issu des univers underground de la côte Est américaine, chantre du Street art et des skateboards, lui que l’on a parfois qualifié de vandale – comme en témoignent ses récents démêlés avec la justice américaine – est aussi une figure de la scène artistique institutionnelle. Connu pour son affiche de Barack Obama, laquelle lui valu la gratitude présidentielle, mais aussi pour ses déclinaisons graphiques du catcheur André The Giant, généralement affublées du non moins illustre slogan « Obey », on oublie parfois que Shepard Fairey produit une œuvre qui connaît une consistance propre et légitime.

En matière de positionnement vis-à-vis de l’art et des institutions, premièrement, car la pratique illégale de certains aspects du Street art ne l’a pas empêché de faire l’objet des convoitises institutionnelles. La présence de ses œuvres dans les collections de certains lieux prestigieux – le Museum of Modern Art newyorkais ou le LACMA à Los Angeles par exemple – réactualise les questionnements autour de ce qui distingue le low art et le high art. Il interroge également les limites de ce qu’il est possible d’entreprendre, au nom de l’art, d’un point de vue juridique ou institutionnel, tout comme le pouvoir d’insertion et de persuasion d’un certain imaginaire iconographique au cœur de nos quotidiens.

En cela, deuxièmement, et  en dépit du caractère perturbateur de ses projets, Shepard Fairey est aussi l’instigateur d’une dissonance critique mais puissante. Elle s’exprime en effet selon une large variété de médias ou de dispositifs de diffusion, parfois sur le mode de la contagion ou de l’invasion, avec ces autocollants continuellement distribués, ces graffitis jubilatoires mais envahissants, ou ces affiches qui entrelacent icône et politique. Autrement dit, la critique que stimule Fairey utilise les mêmes canaux que ce qu’elle entend remettre en question; aussi est-ce pourquoi on retrouve dans son univers graphique les codes propres à une esthétique réaliste-socialiste, voire aux images de propagande.  Le pouvoir mythologique voire fétichiste des images est mis en abîme, car de telles images sont à la fois celles de l’art et du monde d’aujourd’hui.

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