ART | EXPO

Nocturne

06 Mar - 07 Juin 2009
Vernissage le 06 Mar 2009

Dans ce projet, Alain Bublex dérégle les codes attendus de l’accrochage : il choisit d’occulter la lumière pour plonger le visiteur dans un temps plus énigmatique, intime et mystérieux.

Alain Bublex
Nocturne

À partir de mars 2009, le Mac/Val a décidé de confier l’espace dédié aux collections permanentes à un artiste. Pour sa première carte blanche du genre, le français Alain Bublex a été choisi. Il aurait pu jouer au grand manitou et pratiquer l’art de l’exposition comme tant d’autres de ses collègues l’ont fait avant lui avec talent.

Mais voilà, ce serait mal connaître cet artiste. Plutôt que de décider du sort des oeuvres et les mettre en scène, Bublex a fait de l’accrochage préexistant – sous le titre « Je reviendrai », le parcours explore la notion de voyage, avec les oeuvres de Pierre Ardouvin, Florence Chevallier, Philippe Cognée, Valérie Jouve, Shilpa Gupta, Kimsooja, Jean-Luc Moulène, Patrick Tosani, Tatiana Trouvé ou encore Barthélémy Togo -, sa matière première.

À une donnée près, car les salles des collections permanentes du Mac/Val seront plongées dans l’obscurité. Exit les éclairages naturel et artificiel savamment dosés, la lumière a désormais le premier rôle, «actante» plus que figurante. La visite se fera entre chien et loup, bousculant habitus et codes. Etirée, la fameuse heure bleue basculera dans l’intemporel, les oeuvres sortiront ainsi du petit théâtre auxquelles elles étaient assignées pour se retrouver avec elles-mêmes dans un soliloque tout en chuchotements.

Guidé par quelques éclairages fonctionnels et affichant leur précarité (néon brut, spots de chantier sur trépied) ainsi que la lueur de vidéos et autres installations auto-éclairantes, le spectateur pourra redevenir un regardeur, scrutant les oeuvres dévoilées avec humilité. Le changement aussi radical soit-il, se fera avec douceur, sans jamais tomber dans l’effet «chasse au trésor». Les pièces ont tout à gagner en s’exposant ainsi, dans ce hors champ atypique ; ainsi tapies dans l’espace, elles seront curieusement «révélées», comme mises à nu.

Alors que l’exposition refuse toute idée du panorama ou de la composition en renforçant l’autonomie des oeuvres, c’est pourtant l’impression de paysage qui est recherchée, dominant d’ailleurs la plupart des travaux d’Alain Bublex. Ce paysage, c’est celui d’une ville la nuit, une ville fantôme, évanescente, dont les contours perdent leur réalité.

Et dans cette histoire où la lumière joue un rôle crucial, Alain Bublex ne s’est pas oublié. Il a instillé ses propres pièces dans le parcours et toutes expriment cette mise au repos : une cabane de vente ambulante en stand-by, des projets inaboutis, de toutes petites vidéos comme autant de ritournelles et de repères, de toutes nouvelles photographies (des associations de paysages), des motos, des présentoirs, d’immenses papiers peints.

Comme à son habitude, Bublex n’est pas là où on l’attend. Si les Plug-in city ou les Aérofiat, qui ont fait sa renommée, sont bien présents, c’est en arrière-plan car cet artiste n’a pas le goût de se reposer sur ses acquis et préfère amener autrement à visionner la colonne vertébrale de sa réflexion artistique. À décentrer les attentes.

Dans cette exposition de la collection, il se pose en cadre, en fond de scène, et enchâsse le parcours d’une série de variables et de probabilités plutôt que de certitudes. «Alléger le poids de l’autorité du travail», relativiser, bousculer, ne pas se laisser piéger par l’image ; Bublex est résolument un fabricateur d’incertitudes.

Au coeur de sa pratique depuis presque 20 ans, elles s’incarnent désormais dans ce geste minimum d’une nuit américaine au musée. À l’abri de l’emphase, dans un processus d’effacement qui ne doit cependant rien au parasitage, Bublex renonce à l’évidence pour confier son sort à la logique de l’apparition et de la disparition, de la rencontre. Dans cette carte blanche, le visiteur se voit remettre la responsabilité de sa vision, au cours de cette nuit sans acmé, d’un moment d’exception où toutes les perspectives se décentrent.

Vernissage
Vendredi 6 mars 2009, à partir de 18h30.

Evénement
Dimanche 8 mars
Nocturne, carte blanche à Alain Bublex
Utopies quotidiennes à l’ouvrage
— 15h : Conférence/diaporama par Céline Duval, artiste iconographe (auditorium, gratuit)
— 16h : Visite inventée par Alain Bublex, autour de Nocturne, carte blanche dans le Parcours #3 de la collection.

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