PHOTO | CRITIQUE

Nightshot

PMarie Bertin
@12 Déc 2009

Avec «Night Shots», Olivier Metzger propose une promenade nocturne. Ses photographies saisissent dans la nuit des sujets aussi divers que un pan de mur en brique, un poney échappé dans un pré, un gardien de prison. Dans le clair-obscur des clichés, les scènes les plus banales deviennent étranges…

Les sujets des photographies d’Olivier Metzger n’ont pas d’autre lien que celui d’appartenir à la nuit. Un arbre, un poney ou encore le gardien d’une prison sont arrachés à la nuit par la lumière artificielle, sans mise en scène exagérée. Sa déambulation d’Olivier Metzger est une quête, la recherche d’une matière picturale au milieu du noir de la nuit.

Les clichés se concentrent souvent sur un élément simple. Ici le pan d’un mur de briques tient à lui seul le cadre. Là une DS beige trône seule sur le bord d’une route de campagne grisée par la brume. Une couleur unique emporte la plupart du temps le regard. Le bleu d’une maison, le rouge d’une voiture ou le blond d’une chevelure deviennent plus profonds grâce à la pénombre. Accentuée par une technique parfaite, c’est une pureté particulière, celle de la nuit, qui se dégage de ces images.

Chaque fois cette nuit encadre le sujet d’un halot de noirceur plus ou moins opaque. Les photographies pourraient être dites en noir et couleur. Car le noir profond et volontairement accentué devient l’alter ego de la couleur du sujet sur lequel le photographe lance son «coup d’éclair» (Olivier Metzger). Les lignes sont nettes et, elles aussi, épurées. Les troncs de trois arbres, une voiture à la ligne droite, un horizon, les planches d’une maison de bois, un mur, coupent les images de quelques lignes simples.

Lorsqu’il photographie des personnes, Olivier Metzger ne semble pas davantage avoir de règle. Une femme vue de dos descend les escaliers d’une rue. La scène très cinématographique a retenu sa chevelure et sa curieuse posture. Le gardien de prison se retourne vers la lumière bleutée de ses écrans de surveillance qui figent sur son visage un regard inquiet.
Qu’ils soient saisis en pleine course, comme ce jeune homme devant un soleil couchant, absorbés par une discussion téléphonique, ou encore immobiles, en attente dans une voiture à l’arrêt, ces noctambules amorcent chaque fois un scénario qui laisse à notre imagination le soin de poursuivre.

L’errance est l’élément commun aux clichés de Night Shots. L’errance évidemment de l’artiste. Mais aussi celle de plusieurs des sujets humains, animaux, et même architecturaux.
Dérangé au beau milieu de sa fuite, un poney devient modèle malgré lui. Les lignes des bâtisses fuient toujours dans la nuit noire qui les encadre. Finalement, on se surprend aussi à errer dans le noir d’où se détachent ces images. La nuit révèle souvent ses secrets à la dernière seconde, dans une apparition. Ainsi surgissent les clichés de cette exposition. Le grand format accroît cet effet, et rend le face-à-face plus saisissant.

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