ART | EXPO

Terre-Plein

21 Mar - 29 Mai 2021
Vernissage le 21 Mar 2021

Dans l'esprit antique, art et technique s'opposaient. Pour l'artiste Nicolas Momein, au contraire, la technique et l'art sont intimement liés. Dans son exposition « Terre-Plein » à la galerie Ceysson & Bénétière, il fait revivre le geste de l'artisan et les procédés de l'industrie, en les détournant de leur finalité. Il crée ainsi des objets hautement techniques, sans finalité pratique.

Par l’attention au chemin plus qu’à la destination, au geste plus qu’au produit, Nicolas Momein rapproche ainsi l’ouvrier, l’artisan et l’artiste, comme créateurs de gestes et de processus. L’œuvre finie appartient aux spectateurs, l’objet se vend, s’utilise, se dégrade, mais le geste, la création elle-même, n’appartient qu’au créateur.

Terre-plein: la loi des séries

Nicolas Momein travaille donc avec des procédés sériels, de reproduction sans copie à l’identique, sur le principe de la collection. Selon la logique du vivant, celle de l’ADN, qui crée des êtres toujours similaires et toujours différents, « ni tout à fait mêmes, ni tout à fait autres ».

En témoigne la série des « Botoù koat », ces sabots bretons presque tous identiques dont Nicolas Momein sectionne et peint de couleurs vives leur extrémité. Il invente l’anti-Louboutin. Alors que le célèbre créateur de chaussures de luxe, Christian Louboutin, crée des pièces uniques, totalement singulières, Nicolas Momein prend un objet usuel, purement fonctionnel, horizontal : le sabot auquel il donne en  sectionnant et peignant son extrémité une dimension verticale et plus artistique. Inutilisables, les sabots ainsi transformés révèlent non plus la finalité que leur impose l’utilisateur, mais la beauté unique du geste créateur.

Terre-plein: peinture et sculpture

La série «Terre-Plein» rejoint cette réflexion, mais du point de vue de l’industrie. Cette série est composée de peintures-sculptures dont une base est posée au sol comme si elles s’en détachaient. Leurs couleurs plastiques, industrielles et brillantes, sont entourées de sortes de tortillons noirs partiellement décollés sur les bords. Des tensions s’exercent entre surface et dimension, entre ce qui cache et ce qui se montre. La surface lisse et colorée contraste avec les tortillons noirs sur lesquels on reconnaît des irrégularités, empreintes de doigts ou témoins du souffle qui les a gonflés, et qui sont les irrégularités même de l’inspiration, de l’humanité du geste fondateur.

Une autre série, les « Gaines », se compose de sculptures volontairement informes, convexes, tout en courbes, recouvertes de papier éponge, et illustrées de motifs uniques. Enveloppe et intériorité composent d’étranges créatures entre sculpture  et mobilier sans qu’il soit possible de deviner ce qui se trouve à l’intérieur. La forme disparaît pour faire place à la mémoire et à l’imagination.

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