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New Work

Andrew Mania décrit un monde aujourd’hui largement sabordé. Ses pastels et ses peintures sont peuplés de beaux jeunes gens aux visages un peu las, à la mélancolie traînante, au regard perdu dans un vide sidéral. On y croise également des portraits raffinés, des silhouettes élancées remplissant des cadres aux bords vieillis.

Ses personnages tiennent autant du spectre préraphaélite, même incarnation du mythe romantique, même dramatisation des couleurs, même passion pour les visages cristallins, que des postures du Studio Harcourt, célèbre pour ses photographies ¾ en noir et blanc de personnalités emblématiques du cinéma et des Lettres.

Un monde sépia donc et un artiste qui sait miser avec justesse sur ce décalage permanent, sur le risque absolu du kitsch poétique. Andrew Mania joue les poncifs peut-être pour se débarrasser de cette étiquette d’artiste contemporain. Il se dit plutôt «collectionneur de curiosités», un terme approprié au regard des installations accompagnant ses tableaux.

Une véritable mise en scène: grille métallique pour enfermer le cadre, couverture de livre en guise de Marie-Louise, structure en bois pour accueillir un ou plusieurs tableaux, tapis plastique couvrant le verso de l’œuvre et débordant sur le mur, fil de laine tendu de part et d’autre du tableau pour séquencer ou recadrer le dessin.

Les stratagèmes de Andrew Mania ne manquent pas et ses bricolages au cordeau trouvent une résonance chez De Stijl en Hollande ou mieux encore chez Arts and Crafts en Angleterre.

Reste ses portraits intangibles, de facture réaliste. Ils portent son obsession pour le corps, principalement les visages dont il travaille et retravaille le regard et la bouche, attributs essentiels de la séduction. Car avec Andrew Mania, nous sommes bien dans une joute amoureuse: il sonde les visages à la recherche de leur complexité et les enveloppe dans les franges d’un décor à la patine usée mais bienveillante. Comme s’il tenait à en faire les ex-votos habités de ses obsessions, des témoins atemporels de l’amour courtois.

Andrew Mania
— Untitled, 2009. Cuir et crayon sur bois encadré, 82 x 62 cm.
— Untitled (Structure), 2008. crayon, crayon de couleur, cadre, bois peint, fil, 150 x 150 cm.
— Red Boy, 2009. Crayon et pastel sur bois, cadres, 58 x 68 cm.
— François Ier, 2009. Crayon sur bois, bois et élastique, 37 x 86 cm.
— Untitled, 2009. Crayon sur bois encadré, 42 x 51,5 cm.
— Male portraits, 2009. Crayon sur bois encadrés, encre sur papier encadré métal, 104 x 82 cm.