ART | CRITIQUE

New Spirit

PAriane Carmignac
@12 Jan 2008

Une nouvelle génération d’artistes britanniques et américains en quête d’une sculpture non pas «inspirée» mais plutôt démythifiée, en quelque sorte retrouvée au milieu des installations et des «choses».

Par «New Spirit», il faut comprendre nouvelle génération d’artistes en quête de sculpture. Ils sont six, trois hommes et trois femmes, nés entre 1966 et 1975 aux États-Unis et en Grande-Bretagne, et semblent être à la recherche d’une sculpture non pas «inspirée» mais plutôt démythifiée, en quelque sorte retrouvée au milieu des installations et des «choses» (pour reprendre le titre de l’exposition du Hammer Museum de Los Angeles en 2005, Things).

Les œuvres présentées pourraient être considérées comme autant de manifestes voulant créer un précédent (où le classicisme serait relégué au rang de décombre kitsch, comme dans Birds With Sculpture de Rachel Harrisson). Leur réunion dans un même espace, disposées sans apprêt, donne de prime abord l’impression d’une joyeuse cacophonie bouillonnante, où tant de «précédents» étourdissent un peu.

Allant d’une œuvres à une autre, l’on peut s’interroger sur le statut flottant de certaines qui tiennent tout à la fois du ready-made (où la sculpture s’inspire de la quincaillerie et des meubles en kit), de l’objet utilitaire ou décoratif (table, bibelot, masque), de l’installation (réalisée à partir de matériaux composites), de l’accumulation, voire purement et simplement de l’œuvre sur papier…

Désacralisation en règle des codes, déclinée sur tous les tons : humour loufoque, ironie, «mauvais goût», minimalisme, ou «mise en pièces» adroitement cubiste avec ce Spanish Teacher de Jason Meadows fait de bric et de broc, fort peu académiquement planté sur un tabouret. Incantation, du même artiste, dans la même veine bricoleuse, est plus inquiétant, annonçant vaguement une potence dressée.

Certaines des œuvres sont presque ludiques (comme la Clear Machine de Jedediah Caesar) par leur volonté de démontrer ou de débusquer ce qui ferait ou déferait l’essence d’une sculpture : résine et résidus (Jedediah Caesar), fragrance (L’Heure bleue de Roger Hiorns combinant l’acier et le parfum «L’Heure bleue» de Guerlain), ou acide (Young Offender de Roger Hiorns se compose d’une feuille d’argent et de nitrate Amyl projeté).

Seule, la Clear Machine de Caesar, faite de sculptures de taille moyenne posées à même le sol que l’on pourrait confondre avec de beaux éclats de silex, ou de petits dolmens, peut renouer avec la rêverie de Paul Valéry dans Eupalinos, née de la contemplation d’un galet… C’est un peu ainsi que l’on pourrait voir la démarche de «New Spirit» : faire feu de tout bois, ne rien rejeter, et surtout essayer de faire jaillir l’étincelle de la forme déjà là.

Jedediah Caesar
— Clear machine, 2005. Résine, et résidus (bois, papier, pierre, métal), 9 éléments. Dimensions variables. Environ 58 x 400 x 300 cm.

Liz Craft
— Table Guy, 2004. Bronze peinture à l’huile. 152,4 x 81,3 x 53,3 cm.
— Table Guy, 2004. Bronze peinture à l’huile. 152,4 x 81,3 x 53,3 cm.

Rachel Harrisson
— Bird with Sculpture, 2005. Polystyrène, ciment, acrylique, oiseaux factice. 71 x 76 x 96 cm.
— Hans Haacke with Sculpture, 2005. Bois, polystyrène, ciment, acrylique, photographie encadrée. 24 x 48 x 72 cm.

Roger Hiorns
— All night Chemist, 2004. Moteur, chaise, sulfate de cuivre. 126 x 72 x 73 cm.
— L’Heure bleue, 2003. Acier parfum l’Heure Bleue de Guerlain. 145,5 x 26 x 9 cm.
— Young Offender, 2004. Argent fin, nitrate Amyl. 100 x 50 cm.

Jason Meadows
— Incantation, 2004. Bois, bois laminé, acier, corde, peinture à bois. 203 x 141 x 56 cm.
— Spanish Teacher, 2004. Bois peint, corde, quincaillerie. 165,7 x 85,7 x 5,7 cm.

Mindy Shapero
— Burnt Rainbow, a time stopper, and only those that have been blinded by the light by the protection object can even experience the burnt rainbow as a time stopper (the protection object is to frighten away the furry eye sack that rolls around collecting eyes, any person that looks at the project with both eyes at the same is blinded, therefore one should always wear an eye patch when the protection object is inside, 2004. Bois et métal. Base en bois : 16,51 x 148,59 x 149,86 cm. Anneaux de métal: 248,92 x 203,20 x 60,96 cm.
— The Blinded by the light’s POV of the way one looks when approaching it while wearing the eye pach, 2005. Acylique sur papier. 203,2 x 213,4 cm.
— A possibility of a circle trap outside of its own reality, to the up and in the wet forever. (a circle trap is a state of mind that trusts you into walking around in tight cirles from looking too deep into the blinded by the light. Some get out and some don’t), 2005. Bois, acrylique, feuille de cuivre, peinture epoxy et Dura-lar. 137,2 x 106,7 x 83,8 cm.

AUTRES EVENEMENTS ART