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Necology



Qu’ont-ils ces Bisontins, exilés en Suisse? On croyait que les langues officielles de cette confédération se cantonnaient, si l’on peut dire, à l’allemand (die Schweiz), le français, l’italien (Svizzera) et le romanche (Svizra). Et bien non ! Le titre, un néologisme qui plus est, un jeu de mots plutôt réussi, mot-valise, mot porte-manteau, composite d’«écologie» et de «nécrologie», est livré sans aucun accent et avec une terminaison plus anglo-saxonne que grecque.

 

Quoique récents (de 2008 ou de 2007), les dessins nous paraissent dater de l’époque baba-cool de la fin des années soixante, du début des années soixante-dix. C’était le temps où les musiciens et les danseurs occidentaux (les Merry Pranksters, les Beatles, les Byrds, Béjart, etc.) s’inspiraient de l’Inde. Le psychédélisme, aidé par l’absorption de certaines substances recommandées par Timothy Leary, trouvait des applications dans la mode, le design, la peinture, les illustrations et les bandes dessinées.

 

Les œuvres de Vidya Gastaldon ont certes des qualités plastiques, mais ce n’est apparemment pas la virtuosité technique qui préoccupe la jeune artiste. Elle semble plus sensible à la notion de mandala qui, au départ désigne le cercle et, par la suite, l’environnement. Le mandala est prétexte (et aussi texte) à méditation. C’est un produit un peu bâtard, à la fois dessin-peinture, figuration-abstraction, image-mot, concentration-divagation, contention-improvisation.

 

On est d’ailleurs ici dans le rejet de la peinture sérieuse et du puritanisme de l’art contemporain. On s’en évade et on s’encanaille dans la contreculture pop, toujours vivace à travers des arts dits «mineurs».

Vidya Gastaldon fait dans le comic’s, parfois assez drôle, du reste, pas vraiment dans le concept. On retrouve l’univers rassurant, planant, californien, Zap, Freak, à la S. Clay Wilson, à la Shelton, à la Crumb, à la Rick Griffin. Le trait est bien sûr un peu plus relâché, le dessin moins rigoureux, l’écriture automatique, les compositions font «bad painting», c’est-à-dire qu’elles donnent l’impression d’avoir été vite torchées. Elles sont donc un peu bâclées mais assumées comme telles.

 

Le contenu ? Cela n’a pas d’importance. On est dans un monde de métamorphoses. Celles d’Ovide ou de Kafka. Dans les mythes. Et les légendes. Celle d’Ulysse, d’Achille et ses avatars indiens que rapportent les récits merveilleux du Mahâbhârata. Dans une mythologie inventée de toutes pièces, mixant toutes sortes d’influences, de croyances, de héros et de créatures issus de la culture de masse : personnages de dessins animés, de films fantastiques, gore ou de science fiction.

 

D’après l’artiste, le prénom Vidya, en sanskrit veut dire «qui se dirige vers la lumière, la connaissance» tandis que son contraire, Avidya, signifie «qui se dirige vers l’ignorance, les ténèbres». Ces deux aspects, qui sont en réalité les deux faces d’une même médaille, caractérisent le travail de Vidya Gastaldon, tour à tour clair, transparent, évident, bizarre, trouble et parfois même un peu glauque. Le chaos oui mais debout.




Vidya Gastaldon



— Prajapati, 2008. Aquarelle, gouache, acrylique, craie couleur et crayon sur papier. 37 x 31 cm




— Fontaine d’Esprits, 2008. Aquarelle, gouache, acrylique, craie couleur et crayon sur papier. 37 x 29 cm








— Ashvin, 2008. Aquarelle, gouache, acrylique, craie couleur et crayon sur papier. 54 x 39 cm




— Indestructible, sache le… , 2008. Aquarelle, gouache, acrylique, craie couleur et crayon sur papier. 27,5 x 37 cm




— Coeur Flamboyant + Nature Spirit 8, 2008. Aquarelle, gouache, acrylique, craie couleur et crayon sur papier. 25 x 17 cm




— St. Extraterrestre, 2008. Aquarelle, gouache, acrylique, craie couleur et crayon sur papier. 38 x 11,5 cm




— Blackfoot, 2008. Aquarelle, gouache, acrylique, craie couleur et crayon sur papier. 86 x 59 cm




— Queen Booo, 2008. Aquarelle, gouache, acrylique, mine de plomb et crayon de couleur sur papier ancien. 54 x 49 cm.

 

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