ART | FILM

Nation Estate

08 Sep - 03 Nov 2012
Vernissage le 08 Sep 2012

Nation Estate est un film de science-fiction teinté d’humour, traitant de l’impasse à laquelle est confrontée la population palestinienne. Larissa Sansour y donne enfin un Etat aux palestiniens, Etat qui se résume à un gigantesque gratte-ciel, the Nation Estate, et qui héberge l’entière population palestinienne qui mène alors la grande vie.

Larissa Sansour
Nation Estate

Larissa Sansour réalise des œuvres inspirées du cinéma de genre, de séries télévisées ou encore de bandes dessinées, l’artiste n’hésitant pas à puiser largement dans la culture populaire. Westerns spaghetti, films de science-fiction ou d’horreur sont hybridés avec des aspects politiques et sociaux de la réalité, liés à la situation palestinienne ou plus largement moyenne orientale. Portant un regard sur une géopolitique chargée de conflits, de tensions et de drames, elle utilise les ressorts de la fiction pour démonter les clichés et les stéréotypes ethniques, sociaux. Travaillant la vidéo mais aussi l’installation, la photographie ou encore le livre, elle crée des œuvres empreintes d’humour et d’une dimension critique, ancrées dans le monde contemporain.

Nation Estate, film de 9 minutes, est une dystopie clinique, teintée d’humour, sur l’impasse du problème palestinien imaginant une structure verticale pour l’Etat palestinien. Dans ce film de science-fiction, les palestiniens ont leur Etat, qui se résume à un gigantesque gratte-ciel, the Nation Estate, et qui héberge l’entière population palestinienne qui mène enfin la grande vie. Chaque ville a son propre étage: Jérusalem est au 3ème étage, Ramallah au 4ème, Bethelehem (ville natale de l’artiste) au 5ème étage, et ainsi de suite. Les voyages entre les villes, auparavant régulés par les check points, se font par voie d’ascenseurs les contrôles sont devenus cybernétique, il suffit de présenter son empreinte digitale ou l’iris de son œil.

Aspirant à une identité propre, le vestibule de chaque étage représente les lieux et les repères emblématiques de chaque cité.

Dans une musique orientale électronique et des effets spéciaux réalisés avec brio, l’histoire suit un personnage féminin folklo/futuriste (interprété par Larissa Sansour elle-même) qui rentre chez elle après un voyage. Le métro d’Aman la ramène jusqu’au lobby de l’impressionnant bâtiment où elle va regagner son appartement, arroser ses plantes et se préparer un plateau repas.

Le projet Nation Estate comprend un court métrage, sept tirages photos, un poster, et une maquette du bâtiment Nation Estate.

Bien que les images soient stylisées, et montre une vision futuriste aseptisée, le film renvoie à la situation présente du Moyen-Orient. Les idées du futur tendent à apparaître comme des clichés mais tout à la fois comme très visionnaires. Dans le cas de la Palestine, il y a une volonté constante de prévoir la structure de son Etat, son indépendance et la fin de l’occupation. Pour Larissa Sansour le recours à la science-fiction dans son expression artistique se prête bien à cela. L’étrange imbroglio de nostalgie et de modernité marquant les idées ambitieuses que les Palestiniens espèrent réaliser pour leur nation.

Lacoste: censure et controverse
Fin de l’année 2011, le projet Nation Estate bien avant qu’il ne soit achevé, a été au cœur d’une grande controverse internationale. Officiellement nominé pour le prestigieux prix Lacoste Elysée, Larissa Sansour avait produit trois premières photographies. En décembre, le sponsor, la marque de vêtement français Lacoste, a décidé de révoquer sa nomination et de censurer son projet, le qualifiant de «trop pro Palestinien» pour être soutenu par la marque.
Cela a rapidement attiré l’attention de grands journaux, bloggers, activistes et autres tout autour du monde. Suite à cette réprobation publique contre la censure, le Musée Suisse de l’Elysée a prix la décision d’annuler ce prix.

Vernissage
Samedi 8 septembre 2012

critique

Nation Estate

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