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Natacha Lesueur

PEva Robillard-Krivda
@12 Jan 2008

Des portraits de femmes dont les coiffures sont garnies de véritables plats cuisinés, de concombres, et d’autres nourritures. Dénonciation de la cosmétique comme moyen de transformer la femme en objet à consommer, par les yeux comme par la bouche.

Natacha Lesueur expose des portraits de femmes aux coiffures extravagantes dont les chignons imposants garnis de noix, de concombres ou encore d’ananas, rappellent les perruques des galantes de l’époque de Louis XVI sur lesquelles s’élévaient de véritables plats cuisinés (cochon de lait caramélisé aux truffes).
La dimension de ces coiffures en forme de pièces-montées participe d’une orientation générale de désubjectiver les portraits, d’«occulter les visages, lieu de la singularisation identitaire». Pour accroître l’anonymat, les modèles posent légèrement de profil, le regard fuyant, la face inexpressive.

Une attention est accordée aux moindres détails des compositions alimentaires dont l’effet est de réduire la femme à une gourmandise à dévorer des yeux. Et il y en a pour tous les goûts. Froide beauté des femmes de l’Est aux cheveux perlés de grains de caviar, ou exubérante joie de vivre des femmes des îles qui portent sur leurs têtes des ananas et des cerises confites. Autant de fantasmes et de stéréotypes exprimés par l’artifice alimentaire.

Natacha Lesueur joue ainsi sur le décalage entre l’être et le paraître en confrontant les corps aux images. Recouvrir, en guise de collant, les jambes d’un modèle avec de la crépine de porc ou des tartelettes à la confiture de fraise, vise à attirer l’attention sur les fonctions de ces vêtements conçus pour magnifier et choséifier le corps féminin.
L’écart entre le fantasme suscité par la vue d’une paire de jambes en bas à résilles et l’image que Natacha Lesueur en donne crée une sorte de gêne. L’utilisation du rapport de fascination-répulsion que l’homme et surtout la femme entretiennent avec la nourriture, confère à l’œuvre une dimension dénonciatrice de l’empire des apparences auquel la femme est soumise.

Natacha Lesueur :
— Sans titre, 2002. Photo couleur contrecollée sur aluminium, plastification ultrabrillante. 125 x 98 cm.
— Sans titre, 2002. Photo couleur contrecollée sur aluminium, plastification ultrabrillante. 120 x 100 cm.
— Sans titre, 2002. Photo couleur contrecollée sur aluminium, plastification ultrabrillante. 150 x 117 cm.
— Sans titre, 2002. Photo couleur contrecollée sur aluminium, plastification ultrabrillante. 150 x 117 cm.
— Sans titre, 2002. Photo couleur contrecollée sur aluminium, plastification ultrabrillante. 150 x 117 cm.
— Sans titre, 2002. Photo couleur contrecollée sur aluminium, plastification ultrabrillante. 150 x 69 cm.
— Sans titre, 2002. Photo couleur contrecollée sur aluminium, plastification ultrabrillante. 150 x 115 cm.
— Sans titre, 2002. Photo couleur contrecollée sur aluminium, plastification ultrabrillante. 100 x 90 cm.

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