DANSE | SPECTACLE

Cellule

20 Déc - 23 Déc 2017

Cellule est un solo puissant. Unitaire et kaléidoscopique, il réunit la danseuse-krumpeuse Nach et la danseuse-chorégraphe Anne-Marie Van. Une seule et même personne, habitée par mille énergies. Pour une danse contemporaine aussi intense qu'une cellule d'embryon, condensé conflictuel de tous les possibles.

La chorégraphe et danseuse Nach (alias Anne-Marie Van) vient du Krump. Le Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise : l’élévation du royaume par le puissant éloge. Popularisé par le film de David LaChapelle (Rize, 2005), le Krump est une danse expressive. Incubée à la fin des années 1990 à Los Angeles, dans un contexte de lourdes tensions sociales, c’est une danse conçue pour exister dans l’espace public. Mobilisant émotions, puissance et tensions spectaculaires, le Krump est capable de captiver un public par une forme d’exultation. Du clown pour adultes boxés par la vie. Avec Cellule, Nach livre ainsi un solo imprégné de Krump. De cette expressivité bouillonnante, physique, à fleur de peau. Explorant les gestes dans leur violence répétitive, leur démesure, leur absurdité, Nach tour à tour se replie et se déploie. Frêle jeune femme, jusqu’à ce que sur scène les jeux de lumières fassent percevoir sa puissance musculaire.

Cellule : un solo puissant, avec la krumpeuse Nach et la chorégraphe Anne-Marie Van

C’est en 2012 que l’électron libre du Krump, Nach, rejoint la danse contemporaine. Elle intègre alors le spectacle Eloge du Puissant Royaume du chorégraphe Heddy Maalem. Une collaboration au terme de laquelle Heddy Maalem lui écrit un solo : Nigra sum, pulchra es. Elle y dansait en tant qu’Anne-Marie Van. Un moment de dépouillement et de devenir femme (pour paraphraser Simone de Beauvoir). Avec son nouveau solo, Cellule, Nach rassemble les univers et influences, les identités et attendus, pour les transporter ailleurs. Chorégraphe et interprète, Nach y reflète le monde. Butô, jeux de mains évoquant le souvenir d’une danse balinaise, hip-hop musculeux et musclé, extase sensuelle, accouchement ou viol, androgynie, sport de combat… Cellule vibre d’une puissante tension interne. Modulant fulgurances et tensions immobiles, par-delà la sensualité se déploie aussi le spectacle d’une métamorphose. D’un corps qui se débat pour émerger d’un autre corps, pour sortir d’une peau ou y entrer.

Cellule : la puissance d’évocation d’une danse intensément expressive

Du Krump, Nach garde la puissance d’évocation et Cellule agit comme un kaléidoscope. Chacun percevra, dans l’intensité expressive, les figures qui le hantent. Une violence faite danse. Et croyant saisir le corps de la danseuse, ou son intériorité, chacun ne saisira que ses propres ombres. Car il y a quelque chose de l’hypnose de la flamme et du feu dans la danse de Nach. Figure de lutte, contre l’espace, contre soi, la Cellule de Nach se divise, se rassemble, se déchire, s’étend, se ploie. Et le corps explore ainsi ses degrés de liberté, en conjuguant ralentis, accélérés, bascules nerveuses de muscles en muscles. Le poids du corps roule et tangue, comme magnétisé. Insecte, jeune femme, jeune homme, reptile… telle une embryogenèse, tous les possibles semblent ainsi contenus dans cette Cellule. Et comme un long travelling dans un paysage peuplé, les spectateurs restent suspendus à la puissance d’évocation, incantatoire, de Nach.

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