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Mouvements n° 37

Dossier spécial sur les menaces pesant sur la diversité culturelle. Trois axes de réflexion et d’analyses pour saisir les enjeux et les ambiguï;tés d’une question très politique, pour rendre compte des démarches et actions nécessaires à sa défense, et pour présenter quelques expériences et initiatives concrètes.

— Rédacteur en chef : Gilbert Wasserman
— Éditeur : La Découverte, Paris
— Parution : janv.-fév. 2005
— Format : 16 x 24 cm
— Illustrations : aucune
— Pages : 172
— Langue : français
— ISBN : 2-7071-4517-3
— Prix : 13 €

Éditorial (extrait, p. 6-7)

Ce dossier propose des regards singuliers de chercheurs, de professionnels ou d’hommes politiques sur la question de la diversité culturelle. Il est structuré en trois grandes parties.

La première partie propose une série d’analyses sur la question de la diversité culturelle. Françoise Benhamou et Stéphane Vibert s’inquiètent des ambiguï;tés du concept même de diversité culturelle et des conséquences de cette ambiguï;té sur la définition de politiques et d’outils de défense de cette diversité. Dominique Sagot-Duvauroux, rappelle que le débat n’est pas nouveau et qu’au temps pas si ancien où l’Europe dominait économiquement et culturellement le monde, les États-Unis défendaient farouchement leur exception culturelle, laissant entendre que tout est rapport de force. Brian Holmes, en faisant  » trois propositions pour une véritable démocratie « , en appelle à un débat à grande échelle sur le bien-fondé des régimes de propriété en vigueur.

La deuxième partie présente des initiatives institutionnelles pour défendre la diversité des cultures. Jean-Michel Baer montre que les grands axes du texte en négociation à l’Unesco s’inspirent de la politique conduite par l’Union européenne depuis quinze ans. Jean-Louis Sagot-Duvauroux souligne la façon dont les collectivités locales, à travers l’agenda 21 culture, se sont emparées des politiques culturelles comme dimension centrale de leur action, ainsi qu’en témoigne l’action de Hervé Bramy au sein du Conseil général de Seine-Saint-Denis. Enfin, Pascal Rogard rend compte de l’action des coalitions pour la défense de la diversité culturelle dans la négociation de la convention de l’Unesco.

La troisième partie expose quelques expériences conduites par des professionnels pour la diversité culturelle. À travers son expérience angevine et européenne, Claude-Éric Poiroux explique qu’il est possible de conduire une politique réussie de programmation diversifiée dans le domaine du cinéma, à condition d’en avoir la volonté et de disposer d’incitations financières appropriées. Blonba, entreprise culturelle malienne, témoigne de la nécessité de s’appuyer prioritairement sur le marché intérieur africain si l’on souhaite préserver l’autonomie et la spécificité de la culture des pays de ce continent. Christopher Yggdre insiste, à travers l’expérience de la coopérative Co-errances, sur la nécessité de mettre en place des réseaux de distribution indépendants des grands groupes culturels si l’on souhaite faire prévaloir les logiques artistiques sur les logiques financières. Le dossier s’achève par un entretien avec François Ribac, qui permet de poser, à travers les objets et les collectifs culturels, un regard en relief sur les paradoxes de la diversité culturelle.

Sans avoir aucunement la prétention de cerner toutes les dimensions du sujet, il s’agit ici de montrer qu’au-delà des menaces réelles que la mondialisation des échanges fait planer sur la diversité culturelle, il existe de nombreuses initiatives militantes, institutionnelles et même marchandes qui résistent à la standardisation des contenus et des goûts, que la défense de la diversité culturelle est affaire de tous et que les politiques institutionnelles de préservation de la diversité n’émergent et n’aboutissent que si elles s’appuient sur des initiatives civiques fortes. Il est donc urgent que les citoyens s’approprient ce débat. Puisse Mouvements y contribuer !

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions La Découverte)