ART | EXPO

Morceaux choisis

04 Juin - 19 Sep 2010
Vernissage le 04 Juin 2010

Pour la neuvième année, la ville de Pontivy accueille en ses murs des oeuvres du Frac Bretagne. Cet été, les artistes présents dans la galerie nord et la tour d’honneur du Château des Rohan ont en commun le goût de la sélection dans le sens de la réhabilitation de détails, de mise en concordance de minimes fragments, de morceaux choisis.

Communiqué de presse
Arthur Aeschbacher, Hervé Beurel, François Dilasser, Olivier Lemesle, Gilles Mahé, Yves Picquet, Alain Rivière, Jacques Villeglé, Sébastien Vonier
Morceaux choisis

Arthur Aeschbacher prend pour matériau et pour palette l’affiche de la rue qu’il déchire en petits morceaux pour reconstituer un tableau sans aucun rapport avec le message initial. Ainsi, le triangle de Pyramide bleue en marge des marées est un hommage à la lettre A, initiale du mot Art, et qui doit sa couleur au choix effectué par l’artiste parmi les lambeaux à sa disposition.

Puisant dans le paysage, Sébastien Vonier retient les teintes d’un nuancier, dont le support ressemble à un panneau de chantier, pour évoquer une hauteur située dans les Pyrénées, Vertice Anayet. De ce paysage proche de la vallée d’Ossau, il restitue les différents verts, les bruns et les gris en bandes horizontales, sans chercher à recréer l’abrupt du pic. Dans cette oeuvre minimaliste, titre et couleurs suffisent pour provoquer l’imaginaire.

Privilégiant lui aussi les effets minimum, Hervé Beurel joue de la photographie pour donner l’illusion de la peinture. Repérant dans l’espace urbain ce qui relève du décor mural, il en cadre un détail pour mieux perturber la vision. Ainsi, Tableau n°2, de la série Collection publique, fait davantage songer à une peinture impressionniste (telles Les Nymphéas de Monet) qu’à une banale fresque sur un bâtiment.

Pour Yves Picquet, la sélection consiste à utiliser une technique précise (sérigraphie et toile imprégnée de colorants) et une forme particulière (le détail d’un couvercle de tonneau) pour aboutir à d’infimes signes qu’il souligne inlassablement, répétant d’oeuvre en oeuvre la nécessité de retenir ce qui n’apparaît pas au grand jour, une sorte de peinture ineffable.

Depuis 1949, Jacques Villeglé prélève des lambeaux d’affiches arrachés aux murs de la ville, inaugurant un geste pictural, «l’appropriation du réel». A la différence d’Aeschbacher, il s’empare des «lacérations anonymes» et autres graffiti pour les hisser au rang d’oeuvres à part entière. Lors de sa rétrospective à Quimper en 2006, il a procédé à des arrachages sur l’affiche de l’exposition, conçue par la graphiste Vefa Lucas et placardée dans l’espace public, l’Opération quimpéroise en est le résultat.

Métamorphoses de François Dilasser est un assemblage de quinze peintures déclinant un même thème, celui du littoral breton. Le paysage y est traité de manière quasi abstraite, comme saisi à différentes heures du jour et selon des angles de vue différents. Les aplats et les couleurs dominantes (vert, blanc, noir) sont agencés telles les pièces d’un patchwork, éloignant plus encore toute notion de figuration.

Avec Intérieur de l’atelier, il semble bien qu’Olivier Lemesle ait voulu procéder à un instantané quasi photographique de l’espace. Tout dénote l’urgence du geste, depuis le déséquilibre du cadrage donnant à voir une amorce de table, un fragment de plinthe, l’utilisation du papier kraft comme s’il avait saisi ce qu’il avait sous la main, jusqu’aux corrections qu’il effectue en les couvrant d’une bande de papier. Chez lui, la restriction de moyens n’interdit pas les choix, mais au contraire, les affirme.

Gilles Mahé, quant à lui, fait un temps son atelier de l’Ecole intercommunale de dessin du bocage vitréen dont il est le directeur. Sa conception de l’apprentissage ne peut en aucun cas être l’exclusion mais l’accumulation des sensibilités. Chaque dessin d’élève, enfant et adulte, marouflé sur une toile identique, prend place dans ce qui devient une oeuvre de Gilles Mahé et lui permet une fois encore, de remettre en cause le statut de l’oeuvre d’art.

Avec la vidéo Féeries aquatiques projetée dans la tour d’honneur, Alain Rivière décide de travailler sur l’un des matériaux le moins noble qui soit: la vaisselle. Non pas le cristal et la porcelaine mais les récipients usuels, transformant une corvée quotidienne en un jeu aquatique et artistique de premier ordre. Diffraction et extraits musicaux lui permettent d’interroger le phénomène de surgissement de l’image.

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