ÉCHOS
18 Déc 2010

Monsieur Tout-le-monde devient mécène du Louvre

PElisa Fedeli
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C’est une exception en France, où le mécénat culturel est l’apanage des entreprises. Le musée du Louvre a réussi à mobiliser le grand public pour réunir un million d’euros nécessaire à l’acquisition d’un Trésor national.

En novembre dernier, le musée du Louvre avait lancé un appel aux dons auprès des particuliers, afin de récolter la somme d’un million d’euros manquant à l’acquisition du célèbre tableau de Lucas Cranach, Les Trois Grâces (1531). Le musée comptait ainsi sur Monsieur Tout-le-monde pour venir compléter la générosité des entreprises, déjà investies dans le projet à hauteur de trois millions d’euros. La suite lui a donné raison: en moins d’un mois, la somme manquante a été atteinte grâce aux dons de 5000 particuliers, qui ont participé à hauteur de 1 à 40 000 euros chacun, avec une moyenne de 150 euros. Le tableau sera exposé au Louvre dans une salle dédiée en mars prochain. Quelque soit le montant de leurs dons, les mécènes se verront récompensés par la mention nominative de leurs noms sur un cartel. 

On ne peut que se réjouir d’un tel succès, qui a permis à la France de ne pas perdre un de ses chefs d’oeuvre classé «Trésor national» et qui donnera certainement confiance aux musées pour renouveler ce type d’opération.

Deux facteurs peuvent expliquer la mobilisation spectaculaire du grand public: d’une part le caractère prestigieux du musée et de l’artiste (quel serait en effet l’impact d’une telle campagne dans un musée de province?) et d’autre part le pouvoir fabuleux d’internet, le Louvre ayant diffusé cette action au moyen d’un nouveau site.

La France marque ainsi un pas de plus vers le développement et la diversification de son mécénat culturel, qui est encore aujourd’hui l’apanage des grandes entreprises, grâce aux avantages fiscaux prévus par la Loi Aillagon de 2003. Le mécénat culturel des particuliers est en effet très restreint, notamment à la sphère des sociétés d’Amis de musées. Mais, avec cette opération, on peut imaginer que la France s’achemine progressivement vers un système à l’anglo-saxonne ou à l’américaine et qu’elle s’habitue à l’idée qu’en matière de gestion culturelle, il n’y a pas que l’Etat.

Alors, à quand un appel général pour l’acquisition d’un Picasso ou d’un Warhol au Centre Pompidou?

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