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Monkey

PEmmanuel Posnic
@12 Jan 2008

A partir de tirages photographiques très sombres, Bremer intervient sur l’image jusqu’à lui redonner un sens, en dévoiler la magie ou tout au moins la poésie graphique.

A l’ombre derrière la démonstration de Stéphane Dafflon, dans la deuxième salle de la galerie Air de Paris, le travail de Sebastiaan Bremer porte la grâce en bandoulière. A partir de tirages photographiques très sombres, Bremer intervient sur l’image jusqu’à lui redonner un sens, en dévoiler la magie ou tout au moins la poésie graphique. Bremer rehausse ses photographies de lignes ou de points colorés à l’encre accompagnant, déformant ou même caressant le sujet de l’image.

L’image ? Quatre photographies de format moyen protégées par un cadre en bois très simple mais assez présent, donnant à l’objet une facture d’œuvre classique. Sur les photographies, des paysages, des hommes et des femmes, des situations pris sur le vif, des instantanés d’intimité que Bremer porte au grand jour. L’artiste travaille sur ses propres photographies ou sur celles empruntées à ses amis ou à sa famille. La matière première, fil ténu d’une mémoire en suspens, n’en est pas pour autant exposée dans sa réalité crue. Bremer lui superpose une autre forme de narration, celle-ci sillonnée par une écriture automatique laissant apparaître l’influence du subconscient ou celle de Bellmer et du Surréalisme.

La photographie est donc pour Bremer le lieu du souvenir, et le trait qui le parcourt, un moyen de le subjuguer et de le réinvestir. L’instantané photographique se confronte à une narration en décalage. Celle-ci est le fruit d’un travail graphique sur l’image et d’une réaction personnelle teintée d’une part de nostalgie et de mélancolie lascive.

L’œuvre se déroule ainsi en deux actes chez Sebastiaan Bremer. Le temps du souvenir, celui d’une découverte ou d’une redécouverte de la photographie et de la scène qui s’y est jouée. Et le temps de la réinterprétation, de la mise en abîme où la nature intime de la photographie se retrouve recouverte d’un « voile », ce tissage perturbant de lignes, matérialisant tour à tour la protection, le désir d’échapper aux regards des autres, et l’invitation, la tentation de soulever le voile, de laisser l’image malgré tout accessible.

Sebastiaan Bremer :
— Rebel, 2003. Encres sur tirage photo encadré. 83 x 63 cm.
— 3 Bridges, 2001-2003. Encres sur tirage photo encadré . 78 x 112,5 cm.
— Medicine, 2003. Encres sur tirage photo encadré. 82 x 55,5 cm.
— Loirinha, 2003. Encres sur tirage photo encadré. 86 x 83,5 cm.

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