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Monika Brandmeier

PPierre-Évariste Douaire
@12 Jan 2008

Présentation de quinze photographies — intérieures, friches industrielles, etc. — pour la première exposition en France d’une artiste allemande pratiquant la sculpture, la peinture, le dessin, l’installation et la photographie.

La galerie Polaris, constante dans ses choix et dans sa programmation, propose pour la première fois en France une exposition personnelle de Monika Brandmeier. Une quinzaine de photographies émaille le parcours. Elles témoignent d’un travail commencé il y a cinq ans. Les clichés se déclinent dans des dominantes vertes et blanches. Les saynètes proposées peuvent être considérées comme des natures mortes. Elles représentent des intérieurs, des friches industrielles ou des tables de ping-pong. Les espaces sont toujours clos, ils sont toujours composés, construits autant par le cadrage que par un découpage minutieux.

Brandmeier est une artiste complète et pluridisciplinaire. Sa pratique regroupe la sculpture, la peinture, le dessin, l’installation et la photographie. Ses premières interventions sont des petites constructions faîtes avec rien. Le carton et le papier servent de base à l’élaboration de maquettes disposées à même le sol. Les différents médiums utilisés tracent une ligne cohérente dans l’élaboration d’une œuvre foisonnante mais qui ne s’éparpille pas.

L’économie est le point commun à tous ces travaux. Les clichés répondent à ce souci et adoptent des dimensions réduites. Les lieux photographiés sont des chambres à coucher, des cuisines, des cours d’immeubles. Mais ces lieux clos sur eux-mêmes, souvent sans perspectives, se déclinent, se transforment en se multipliant. L’espace photographié est strié géométriquement. Coupé dans le sens de la hauteur ou de la longueur, l’image lorgne avec les limites du cadre.

Férue de sculptures minimales, Monika Brandmeier structure dans ses photos un espace en forme de diptyques et de triptyques. Loin des réalisations froides des sculptures manufacturées, elle opte pour des matériaux pauvres que l’on retrouve dans ses tirages. Les placards, les bouts de contre-plaqué délimitent aussi bien ses sculptures que ses tirages. Le quotidien le plus banal devient un espace fabriqué choisi pour ses qualités de coupe, pour ses fantaisies d’association.

Les sculptures, les installations ou les photos ont en commun le collage. Dans les trois cas, il y a assemblage. Dans les trois cas, la construction s’opère par juxtaposition. Le collage photographique s’effectue à l’aide de deux négatifs que l’artiste coupe puis recolle. Le résultat est aussi curieux qu’intrigant.
Trois photos sont construites sur ce schéma, c’est sans doute les plus réussies de l’ensemble. Plus généralement, les photos d’intérieur sont également plus stimulantes que les photos prises en extérieur. Les photos d’usines, qui jouent sur le registre de la rouille et de la grille, seraient amusantes s’il s’agissait d’une évocation, s’il y avait du second degré, de la distanciation. Malheureusement ces images ne sont pas nouvelles mais tellement photogéniques.
L’intérêt de lecture de ces images réside dans la confusion. Elles oscillent entre manipulation, construction, et effets optiques. Face à toutes ces images, le spectateur doit rester aux aguets. Mais pour lui il ne s’agit pas de suivre un jeu de piste, juste de regarder attentivement toutes les déclinaisons de ces espaces.

Monika Brandmeier :
— Sans titre, 1998—2003. 15 photos couleurs, C-print. Dimensions variables.
— Löffel, 2002. DVD, 10’20.

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