ART

Moebius-Transe-Forme

12 Oct - 13 Mar 2011
Vernissage le 12 Oct 2010

Icône incomparable de la bande dessinée, inventeur de formes extraordinaires, dessinateur génial, Moebius est un artiste qui dépasse les limites traditionnelles de sa discipline.

Moebius
Moebius-Transe-Forme

Du 12 octobre 2010 au 13 mars 2011, la Fondation Cartier pour l’art contemporain présente Moebius-Transe-Forme, la première grande exposition à Paris jamais consacrée à l’oeuvre de Jean Giraud, connu sous les pseudonymes de Gir et Moebius. Icône incomparable de la bande dessinée, inventeur de formes extraordinaires, dessinateur génial, Moebius est un artiste qui dépasse les limites traditionnelles de sa discipline.

Cette exposition inédite s’organise autour du thème de la métamorphose, un motif majeur et omniprésent dans son oeuvre. Avec leurs paysages et leurs personnages en perpétuelle transformation, ses dessins explorent les confins de l’inconscient et dévoilent un monde imaginaire et fantastique. À travers la métamorphose souvent brusque et inquiétante d’une figure, d’un décor, Moebius révèle un monde où les apparences ne sont pas aussi stables qu’on pourrait le croire.

Moebius et la Fondation Cartier pour l’art contemporain
La Fondation Cartier pour l’art contemporain a présenté des oeuvres de Moebius pour la première fois en 1999 dans le cadre de l’exposition «1 monde réel», interrogeant les rapports entre réalité, fiction et science-fiction. À cette occasion, furent exposés deux cahiers inédits de l’artiste qui font maintenant partie de la collection de la Fondation Cartier. Plusieurs dessins de ces cahiers ont été utilisés par Moebius pour la création de Chasseur déprime, album central de la série du «Garage hermétique». L’exposition «1 monde réel» a également donné lieu aux premières conversations de l’artiste avec le philosophe et urbaniste Paul Virilio ainsi qu’à une discussion en direct avec l’astronaute Jean-Pierre Haigneré depuis la station spatiale Mir.

Une oeuvre polymorphe

Depuis plus d’une cinquantaine d’années, Jean Giraud développe une large palette de styles, allant du réalisme détaillé de Blueberry aux dessins fantastiques d’Arzach ou de 40 days dans le Désert B. Il est particulièrement célèbre pour ses paysages futuristes, peuplés de créatures hybrides et de vaisseaux spatiaux ultrasophistiqués, où l’étrange est propice à la rêverie métaphysique. Connue dans le monde entier, son oeuvre a profondément influencé, au cours des trente dernières années, les univers de la science-fiction, de l’animation, de la publicité, de la 3D et du jeu vidéo. Ses dessins ont aussi retenu l’attention de grands réalisateurs avec qui il a collaboré sur plusieurs films: Le Cinquième Élément de Luc Besson (pour la Diva), Abyss de James Cameron (créatures sous-marines), Tron de Steven Lisberger (costumes), Alien de Ridley Scott (costumes) ou encore le dessin animé Les Maîtres du temps de René Laloux (story-board), pour n’en citer que quelques-uns.

Une identité artistique changeante

Gir et Moebius, les deux pseudonymes de Jean Giraud, sont le reflet d’une identité artistique changeante. C’est en 1963 que Jean Giraud utilise pour la première fois le nom de «Gir» à l’occasion de sa collaboration avec Jean-Michel Charlier — rédacteur en chef du magazine Pilote — pour Blueberry, une série western très populaire. En parallèle, il publie ses premières planches dans Hara-Kiri sous le pseudonyme de Moebius, inspiré par le nom du mathématicien et astronome allemand ayant fait connaître le célèbre ruban. Comme ce ruban dont les deux faces se rejoignent pour n’en former qu’une seule, l’artiste considère que son identité est double: «En passant de Giraud à Moebius, j’ai tordu le ruban, changé de dimension. J’étais le même et j’étais un autre. Moebius est la résultante de ma dualité.»

Gir et Moebius évoluent dans deux visions du monde et deux styles distincts. Gir est l’auteur de westerns hollywoodiens classiques, Moebius explore l’univers de la science-fiction. Gir respecte les formes de la bande dessinée traditionnelle tandis que Moebius, inspiré par les textes de Raymond Roussel, transgresse les conventions du récit. Gir s’inspire de la photographie et du cinéma pour illustrer et détailler les paysages de western et leurs protagonistes. Moebius, quant à lui, utilise des techniques proches du dessin automatique des surréalistes pour créer un monde en perpétuel changement.

La transe comme procesus créatif

Si la métamorphose est présente dans les dessins de l’artiste ainsi que dans son identité changeante, elle joue également un rôle essentiel dans le processus créatif que Moebius a élaboré au fil des années. Ses deux voyages au Mexique en 1955 et 1965 ont été décisifs dans l’évolution de son travail. Là-bas, il découvre les horizons infinis et les formes extraordinaires du désert mexicain qui vont prendre une place importante dans ses albums, de Blueberry à Arzach.

C’est également au Mexique qu’il fait la découverte de la culture chamanique des Indiens d’Amérique et qu’il expérimente pour la première et unique fois les champignons hallucinogènes. Cette expérience intense le conduit à considérer la transe comme un processus créatif, une technique lui permettant d’explorer l’étrange et le fantastique et de défier, à travers ses dessins, les lois de la nature et de la vraisemblance. Pour Moebius, la transe est aussi un processus essentiel pour déclencher la métamorphose.

Des formes en évolution

L’oeuvre de Moebius est parcourue par des histoires de figures en constante métamorphose. Dans Le Garage hermétique, Le Monde d’Edena ou L’Incal, les formes sont poreuses et ne cessent de passer d’un état à un autre: l’humain, l’animal, le végétal et le minéral se fondent et s’amalgament. Lors de ces métamorphoses, toutes sortes de mutations incongrues et brutales s’opèrent: les personnages sont pétrifiés ou se désintègrent, les hommes se transforment en femmes, les jeunes vieillissent subitement, les corps sont envahis par de longs tentacules ou de hideuses protubérances. Moebius explore également les conditions propices à la métamorphose, d’où sa fascination pour le rêve, la méditation et le pouvoir de transformation des cristaux.

Desins, peintures et films

Réalisée en collaboration avec Moebius Production, l’exposition de la Fondation Cartier réunit des carnets originaux, des planches de bande dessinée, des peintures ainsi que des dessins inédits. Elle présente également deux nouveaux films en avant-première: un film d’animation 3D co-réalisé par Moebius et BUF Compagnie et inspiré de son album La Planète Encore, ainsi qu’un portrait de l’artiste sous la forme d’un documentaire de 52 minutes réalisé spécialement pour l’exposition par Damian Pettigrew et Olivier Gal. Avec une scénographie spectaculaire présentant plus de trois cents dessins, cette exposition donne au visiteur l’occasion unique de découvrir l’oeuvre d’un artiste remarquable, qui ne cesse, en repoussant les limites formelles, d’explorer de nouveaux horizons.

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