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[Mission La Poste] Paris-Pekin.

PAuguste Delaherche
@12 Jan 2008

Les photographies que Naïri Sarkis a réalisées à Paris et à Pékin ne rendent compte d’aucun rythme, d’aucune cadence ou énergie propres à ces villes. Leur rythme ne s’extrait pas du réel, mais est l’effet de la série. Ici ce sont les temps faibles et les manifestations silencieuses de présence humaine qui prévalent.

La ville est associée à l’image d’une immense mécanique enclenchée par les actes de corps anonymes, englobés dans un flux de mouvements et de temporalités contradictoires. Chacun peut y faire l’identique expérience sans partage du fugitif et de l’impersonnel. Le contexte urbain fait traditionnellement l’objet d’une approche photographique qui privilégie la capture du mouvement par l’instantané.

J’ai souhaité aller à rebours de cette perception en m’attachant à photographier les temps faibles du rythme urbain et les manifestations silencieuses de présence humaine dans ce contexte. Le portrait interroge ici la place et l’inscription des corps dans l’environnement urbain.
Les photographies ne rendent compte d’aucun rythme, d’aucune cadence ou énergie propres à la ville. Si rythme il y a, celui-ci ne s’extrait pas du réel mais se construit dans la série photographique, il est instauré par la répétition et le systématisme de la prise de vue.

La réalisation de ces images a pris la forme d’une quête de l’instant où presque rien n’advient, si ce n’est certains signes de l’absorbement des individus en eux-mêmes. Ils sont détachés de ce qui les environne, leur corps figé dans un temps en suspens, en marge du mouvement qui anime la ville mais dont rien, dans le champ de l’image, ne suggère la proximité.
Les expressions et postures traduisent de façon ténue ce retrait, cette absence, elles produisent un effet d’étrangeté, de décalage avec un contexte urbain ici réduit à ses plus simples contours : trottoirs, quais de gare, bouches de métro…

Les espaces anonymes, lieux communs et publics perdent ici leur fonction de seuils propices aux passages pour devenir des décors, des fonds à ces portraits de l’attente. Le cadrage accentue l’isolement des personnages en annulant l’ouverture spatiale. L’unique échappée hors de l’urbain est celle à laquelle se livrent intérieurement les personnages.

Le voyage en Chine a fait évolué le travail initié à Paris et a occasionné un élargissement du regard. La découverte, à Pékin, d’une réalité urbaine inconnue a ainsi entraîné une ouverture du cadre qui donne à voir les proportions de la ville. Les personnages sont isolés par le cadrage mais aussi miniaturisés par l’architecture.

Naïri Sarkis
— Sans titre # 1, 2004-2005. Tirage numérique, 20×30 cm.
— Sans titre # 2, 2004-2005. Tirage numérique, 20x 30 cm.
— Sans titre # 4, 2004-2005. Tirage numérique, 20x 30 cm.
— Sans titre #5, 2004-2005. Tirage numérique, 20x 30 cm.
— Sans titre # 6, 2004-2005. Tirage numérique, 20x 30 cm.
— Sans titre # 7, 2004-2005. Tirage numérique, 20x 30 cm.

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