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Mircea Cantor

A la suite de l’exposition personnelle que lui a consacré le Collège — Frac Champagne-Ardenne, en 2007, le jeune artiste roumain Mircea Cantor, tête de proue de l’art contemporain issu des pays de l’Est, bénéficie d’une première publication monographique.

Information

Présentation
François Quintin, Mihnea Mircan, Ion Grigorescu
Mircea Cantor

Cette première monographie de l’artiste roumain Mircea Cantor est publiée suite à l’exposition «Mircea Cantor. Ciel variable» au Collège — Frac Champagne-Ardenne, à Reims, de mai à juillet 2007.

Né en 1977 à Oradea, en Roumanie, Mircea Cantor vit et travaille à Paris. Å’uvres textuelles, films/vidéos, photographies, installations, éditions… : son travail se déploie dans une étonnante diversité de médiums, sans répétition. Il propose une réponse personnelle en forme de manifeste à une réalité saturée de signes parfois oppressants et aux illusions de l’occident néo-libéral.

Remarqué à la Biennale de Venise 2003, à la Biennale de Berlin 2006, à l’exposition Forwart 02 à Bruxelles, au Philadelphia Museum of Art en 2006, à la galerie Yvon Lambert New York et Paris, lauréat du prix Ricard 2004, il est l’une des figures marquantes de ces dernières années et appartient à une génération d’artistes d’Europe de l’Est révélés récemment. Il est très impliqué dans la scène artistique roumaine, entre autres à travers la revue Version dont il est l’un des co-éditeurs.

Extraits de «Les augures d’un ciel variable», par François Quintin

«De la Cour des Elèves, on entend déjà les traits cristallins du carillon.
En entrant, en face, au mur, un simple morceau déchiré du journal Le Monde est cerclé d’une coiffe en plexiglas. Le titre est transfiguré par deux « S » rouges, laissant le soin au visiteur de le lire comme une nouvelle énigme : LeS MondeS. Il y en aurait donc plusieurs, les uns sur les autres, comme des mille-feuilles en désordre. L’artiste n’a eu besoin que d’un feutre rouge, comme le chirurgien n’a que son bistouri pour accéder au cœur. La fine architecture gothique de ces lettres imprimées, ces quelques lettres qui installent notre lecture résignée depuis l’occident de Gutenberg, se trouve ainsi entaillée d’un geste artistique d’une économie radicale.

Mircea Cantor avait déclaré par le passé ne plus vouloir faire de photographies, au sens de la pratique. Il vient pourtant de l’image, de la photo, du graphisme, de la vidéo, mais se pose toujours à lui la question cruelle de la fatuité de faire « une image de plus ». Même s’il donne à voir, ce qu’il produit n’est pas motivé par le désir de faire des images, mais celui de faire sens, de poser des objets de forte densité symbolique. Mircea Cantor fait des œuvres comme des monuments, avec l’ambition de dire les choses une fois pour toutes. Cependant, ses propositions ne sont jamais doctrinales. C’est une œuvre d’affirmation, mais il confère au spectateur la responsabilité entière de ses interprétations, sa lecture. Il transforme les barrières idéologiques en des surfaces translucides au travers desquelles on peut lire des futurs imprévisibles. Il défait des certitudes pour donner corps à l’incertain, matérialiser par des formes une sérénité dans l’irrésolu, puisque nous sommes indistinctement sous les auspices d’un ciel variable.»

Diffusion : Les Presses du réel