ART | CRITIQUE

Miquel Mont

PNicolas Gerbi
@12 Jan 2008

Un inventaire décliné en carnets de dix années de recherches sur les possibilités que la peinture recèle de se montrer en tant que telle : couleur posée, plaquée sur un support — lui-même rapporté à sa stricte dimension matérielle, à son sens utilitaire le plus concret.

Le travail de Miquel Mont forme une réponse méthodique à la question, devenue récurrente, du sens de la peinture en regard de sa plus stricte matérialité. Il se situe dans le sillage des mouvements Support-Surface et BMPT, et des autres artisans d’un art pour l’art puisant sa forme dans son sens ipso facto auto-questionné.
Miquel Mont dresse depuis une quinzaine d’années une sorte d’inventaire des possibilités que la peinture recèle de se montrer en tant que telle. Autant dire : couleur posée, plaquée sur un support — lui-même rapporté à sa stricte dimension matérielle, à son sens utilitaire le plus concret.

Peinture empilée ; peinture surappliquée en couches successives au ton monochrome caractérisé formant une peau épaisse et malléable ; peinture prise en sandwich entre deux plans, supports si rapprochés qu’ils font baver la pâte à leur commissure resserrée ; peinture agglutinée sur des supports rythmiquement perforés selon une grille décalée ; peinture cliniquement apposée sur un mur qu’elle modifie par son seul ton chromatique en épousant au plus près sa très matérielle réalité, etc.
Autant de manifestations de ce souci très pragmatique d’une peinture livrée pour ce qu’elle est — matériellement, concrètement. Or la profusion des déclinaisons possibles que Miquel Mont a su mettre en œuvre — ou non — au long de dix années de recherches sériées prend aujourd’hui la forme d’une sorte d’inventaire : un répertoire, décliné cette fois en carnets qui restituent les traces de projets, de tentatives envisagées, ou d’autres réalisées mais montrées là sous le jour singulier de leur restitution photographique — traces de cette quête prolongée à saisir la peinture en tant qu’élément formel porteur d’un sens foncièrement ouvert autant qu’absent.

Si un principe traverse cette quête inlassable d’une forme colorée dans sa plus substantielle simplicité, il est à chercher dans le dialogue ouvert qu’un objet éminemment auto-référentiel engage avec le lieu où se déploie son soliloque : dans l’implication formelle de l’architecture par l’objet qui se questionne lui-même.

Ainsi convoquée de loin en loin, l’architecture saura faire écho à ce questionnement en incorporant l’observateur à ce système. Système clos sur lui-même en une boucle dynamique impliquant l’objet et le sujet, dans leur présence dialectique, leur réciprocité — autant dire ouvrant l’intériorité du sujet au cycle dynamique et désindividuant d’une très matérielle objectalité.

Miquel Mont
— Le Cabinet des desseins, 2001, installation.
— Carnet n°6, 2000. 37 photo. 32 x 24 cm.
— Carnet n°7, 2000. 38 photo. 32 x 24 cm.
— Carnet n°8, 2001. 28 photo. 24 x 16 cm.
— Carnet n°9, 2002. 16 photo. 24 x 16 cm.
— Carnet n°10, 2002. 23 photo. 24 x 16 cm.
— Carnet n°11, 2002. 18 photo. 24 x 16 cm.
— Carnet n°12, 2002. 16 photo. 24 x 16 cm.

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