PHOTO

Milan Atanaskovic

PQuentin Euverte
@12 Jan 2008

Première exposition personnelle hors de Serbie d’un artistique qui confronte l’intime et la politique, l’entropie sociale, et les résonances artistiques de l’effondrement des régimes d’Europe de l’est. Pour la galerie, une nouvelle ouverture en direction des artistes travaillant dans des pays peu représentés sur la scène artistique internationale.

Artcore poursuit son programme artistique par deux expositions parallèles réunies sous le thème de la création dans l’espace urbain, avec le collectif d’artistes de rue Art-is-Stick et l’artiste serbe, Milan Atanaskovic. Pour sa première exposition personnelle hors de Serbie, il présente sa nouvelle série Les Icônes d’identité (diptyque : du non-entier). La galerie poursuit son ouverture en direction des artistes travaillant dans des pays peu représentés sur la scène artistique internationale.

Fortement marqué par les événements politiques, économiques et sociaux qui ont bouleversé son pays natal durant la dernière décennie, Milan Atanaskovic répond par la création d’un système artistique qu’il baptise « Système Zéro ». Fondé sur la conviction que l’on vit dans une société sans certitudes, privée de valeurs collectives, il explore les notions de consommation, d’entropie et de vide.

L’exposition s’est déroulée en deux temps. Initialement, les « icônes » furent exposées dans l’espace public à Paris. Cette intervention en territoire urbain, filmée et projetée en vidéo dans l’espace d’exposition, montre des passants confrontés à ces curieux objets aux allures tombales. Ils s’arrêtent, s’approchent pour mieux voir les plaques en porcelaine, puis reculent, confus, troublés par une juxtaposition d’images quelque peu provocatrices.

Les œuvres se présentent en effet sous la forme d’une série de doubles médaillons de porcelaine comme on en trouve sur les tombes dans les cimetières, mais fixés ici sur des plaques de béton. Si ces objets rappellent les tombes funéraires, les « icônes » ne représentent pas des âmes défuntes, mais des politiciens et des dictateurs, chacun confronté à l’image d’un sexe féminin. De Kennedy à Blair, de Ben Laden à Gandhi, morts ou vivants, de mauvaise ou de bonne réputation, les rapports ne sont pas évidents.

L’intérêt se trouve peut-être précisément dans l’absence d’immédiateté. Le titre semble suggérer la question de l’identité, ou plutôt l’impossibilité à la connaître — désignée par l’expression « non-entier ». L’identité des femmes qui exposent leur sexe est toute aussi inconnue que l’identité réelle des personnages politiques. Ces derniers personnifient un régime, une idéologie politique ou une période célèbre de l’histoire d’un pays, sans que l’on puisse pénétrer dans leur intimité.

Mais ces couplages improbables sont parfois comiques quand ils invitent à chercher des ressemblances physiques entre visages et sexes. En outre, la confrontation des hommes de pouvoir au sexe féminin induit cette idée que les maîtres du monde sont tous les fruits d’une femme, ou que le désir sexuel est aussi puissant que les hommes d’Etat ?

Les plaques sur lesquelles sont déposés les portraits proviennent d’une ancienne usine de béton qui a servi pour la construction de Belgrade : elles rappellent l’importance de l’industrie dans le travail de Milan Atanaskovic. Comme un archéologue du tissu industriel, il emploie des éléments d’usines désaffectées en Serbie pour commenter le déclin des structures sociales, en particulier celles d’Europe de l’Est à la suite de la chute du mur de Berlin.

AUTRES EVENEMENTS PHOTO