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Michaël Viala

PPhilippe Coubetergues
@12 Jan 2008

Les sculptures de Michaël Viala sont des aménagements d’espace. Elles s’inscrivent dans la proximité de notre environnement architectural, dans l’ergonomie de notre confort quotidien, dans l’immédiateté de nos pratiques urbaines, également dans une continuité dérangée de notre penchant fonctionnaliste.

La galerie Jean Brolly nous fait découvrir actuellement le travail d’un jeune artiste récemment sorti de l’École des beaux-arts de Nîmes. Cinq pièces et une série de dessins permettent une première approche d’un travail complexe et prometteur.

Deux pièces apparaissent comme des sculptures autonomes élaborées indépendamment du lieu d’accueil ; les trois autres pièces sculpturales ont été conçues pour l’espace de la galerie, tout au moins adaptées à sa configuration spécifique. Les dessins, quant à eux, sont des tirages à jet d’encre de simulation 3D, regroupés par jeux de quatre feuillets par support encadré et qui figurent des modules spatiaux obtenus grâce à un logiciel usuel d’axonométrie.

Il est dans cet ensemble essentiellement question d’espace. Le travail se greffe globalement sur l’architecture des locaux. Les angles droits maçonnés sont adoucis par des panneaux de bois courbés et ajustés. Une paroi de la galerie est repeinte dans une couleur tendre. Par effet de contamination, les éléments autonomes apparaissent également relever d’un aménagement du lieu. Au sol, une rampe horizontale en métal et bois; plus loin, un sol surélevé, surmonté d’une barrière métallique. Ces aménagements établissent entre eux une relation formelle et sensible liée au mouvement et à la circulation des corps dans l’espace. Sans être praticables, ils sollicitent cependant le corps du regard. L’œil glisse le long de la rampe, dévale la courbe du mur, dérape sur le rose et crisse sur le gris.

Formellement, le registre est minimaliste : bois sciés, poncés, pièces ajustées, assemblages apparents, vocabulaire formel géométrique, couleurs monochromes, matérialités exacerbées. L’intention relève quant à elle d’une sorte de générosité première (comme on parle de première nécessité). Les éléments sont pensés pour leur élémentaire physicalité. La relation esthétique à l’œuvre s’établit sur un contact de premier degré. Les objets occupent un champ équivoque entre le design, l’aménagement spatial et la sculpture. Le point de vue est celui d’un passant, d’un usager de l’espace (on nous dit qu’il pratique le skate-board).

Les sculptures de Michaël Viala sont des aménagements d’espace. Elles s’inscrivent dans la proximité de notre environnement architectural, dans l’ergonomie de notre confort quotidien, dans l’immédiateté de nos pratiques urbaines, également dans une continuité dérangée de notre penchant fonctionnaliste.

Ce regard singulier sur nos architectonies familières, associé à celui d’autres artistes de la même génération, pourrait bien renouveler (tout en perpétuant) une approche minimaliste de la sculpture en l’inscrivant dans une sorte sensibilité à la fois fonctionnelle et poétique de l’espace. À suivre.

— Z = , 2003. Impression « tirage de plan » jet d’encre sur papier, exemplaire B 1. 80 x 60 cm.
— Z = , 2003. Impression « tirage de plan » jet d’encre sur papier, exemplaire B 2. 80 x 60 cm.
— Z = , 2003. Impression « tirage de plan » jet d’encre sur papier, exemplaire B 3. 80 x 60 cm.
— Z = , 2003. Impression « tirage de plan » jet d’encre sur papier, exemplaire B 4. 80 x 60 cm..
— Module 42, 2003. Palette et contre-plaqué filmé, métal. 260 x 80 x 55 cm.
— Module 43, 2003. Contre-plaqué. 0,3 x 250 x 122 cm. Longueurs variables.
— Module 41, 2003. Contre-plaqué, acier. 300 x 22 x 15 cm.
— Module 44, 2003. Contre-plaqué. 0,3 x 250 x 122 cm. Hauteurs variables.
— Module 45, 2003. Contre-plaqué et peinture acrylique. Dimensions variables.

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