ART | EXPO

Mental Matter

22 Avr - 05 Juin 2016
Vernissage le 22 Avr 2016

L’exposition «Mental Matter» qui se tient à la galerie Les Bains-Douches jusqu’au 5 juin possède un écosystème singulier. Les œuvres exposées par le duo d’artiste qui forme It’s Our Playground s’attache à démontrer que notre boîte crânienne peut être un espace d’exposition sans limite.

It’s Our Playground
Mental Matter

It’s Our Playground est un duo d’artistes composé de Camille Le Houezec et Jocelyn Villemont formé en 2009. Les initiatives de IOP prennent majoritairement la forme d’expositions, de projets sur internet, de scénographies ou d’installations, ayant la particularité d’utiliser le curating comme un médium. IOP poursuit une réflexion décomplexée sur les modes de présentation, les dispositifs d’exposition et l’influence d’internet sur la vie et la production contemporaine.

L’exposition «Mental Matter» pourrait prendre comme point de départ un texte du philosophe Jean-François Lyotard paru dans le catalogue de la manifestation Les Immatériaux au Centre Pompidou de Paris en 1985. «Vous n’avez pas de mémoire? Louez-en une ou plusieurs.» déclarait le philosophe. Il poursuit: «Commence le grand processus d’extériorisation (de mise en banque) des souvenirs, ici artistiques. La mémoire nous habitait ; maintenant, on y accède, on la consulte. On peut même obtenir des «pages-artistes» sur demande: musée imaginaire. Débuts d’une solution à l’infernale question du stockage. Mais quelle est la machine qui se charge de la sensibilité?»

De nos jours notre capacité de concentration s’apparente de plus en plus à de l’hyper-attention, notre matière grise hyperactive demande une stimulation constante, ingère toujours plus de contenu que notre mémoire humaine seule ne suffit à retenir. Du flux stroboscopique qui s’étale sur nos écrans, résulte la plupart du temps des constellations d’images attirantes, de couleurs, de formes, de textures ; les matériaux, les noms d’artistes, les sources, les lieux d’exposition se mélangent. En comparant le corps humain à du hardware et le comportement à du software, le sociologue Theodor H. Nelson rapprochait, au début du développement informatique et technologique dans les années 1960, l’humain de la machine. Depuis, notre unité centrale semble avoir développé des cellules nerveuses mieux adaptées à notre nouveau mode de consommation des images et permettant une assimilation et un stockage plus rapides.

L’écosystème de l’exposition «Mental Matter» fait de notre boîte crânienne un espace d’exposition sans limite. A travers plusieurs installations ambitieuses, l’exposition part du présupposé que nos neurones érigent une partie de notre encéphale en une sorte de suite Adobe contenant un logiciel de retouche photo, un logiciel de mise en page, un autre de conception graphique au service de notre mémoire. Notre cerveau possède donc les ressources nécessaires pour transformer le trop-plein d’œuvres d’art en matériaux brut. Les collages résultant de ces opérations, exposés ici sur des fonds en tissus généralement utilisés par les photographes, deviendront ensuite des données numériques qui serviront à leur tour de matière potentielle pour composer des œuvres d’art.

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