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Melting Point

Les œuvres de Stéphane Couturier à l’usine Toyota de Valenciennes se situent par leur protocole, leur matière et leurs formes en rupture flagrante avec le régime de vérité de la photographie. Entre numérique et argentique, entre le détachement du réel et la persistance d’une adhérence aux choses, les œuvres proposent une sorte d’ «abstraction figurative».

Information

Présentation
Stéphane Couturier, André Rouillé
Melting Point

La série des vingt grandes photographies consacrées à l’usine de montage des automobiles Toyota à Valenciennes se distingue à beaucoup d’égards des travaux antérieurs que Stéphane Couturier a réalisés sur des chantiers urbains. Alors qu’il convertissait des immeubles en construction en de véritables tableaux géométriques épurés, d’une grande rigueur de composition, les images de la présente série sont au contraire fluides, confuses, fourmillantes d’éléments. Invertébrées.

Le passage d’une esthétique à l’autre n’est pas fortuit. Il repose sur une procédure technique tout à fait particulière, et s’adosse à une double réflexion sur la photographie et sur l’époque contemporaines.

Alors qu’auparavant les images se caractérisaient par la précision des lignes, la clarté des compositions et la géométrie des plans, celles-ci sont foisonnantes, dépourvues de lignes pures et d’aplats. En raison du sujet [une chaîne de montage d’automobiles], mais surtout en raison de la technique adoptée.

Stéphane Couturier travaille toujours à l’aide d’une chambre photographique lourde, posée sur un pied, parce que le poids de l’appareil impose une lenteur et une densité à l’action et au regard, mais aussi parce que la grandeur des plaques négatives permet de réaliser des tirages de dimensions importantes tout en garantissant une excellente qualité aux images.

Pourtant, cette précision est délibérément abolie par la procédure technique adoptée pour la série. Les clichés aux sels d’argent sont numérisés avant que les images numériques obtenues soient superposées deux par deux à l’aide d’un logiciel de traitement d’images. Les épreuves exposées, d’un format d’environ 1,80 m, sont obtenues au moyen d’une impression classique sur, papier argentique à partir d’un fichier numérique.(…)

Stéphane Couturier est né en 1957 à Neuilly-sur-Seine. Il vit et travaille à Paris.