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Megamix

PCédric Le Borgne
@12 Jan 2008

«Megamix» est une installation qui dure une semaine. L’exposition tourne autour du thème du métissage et vient animer toute la rue Quincampoix. Juste avant Noël, l’artiste colombienne Adriana Garcia Galàn et son compagnon offrent à tous les visiteurs un mélange de parfums, de goûts et de sons festifs.

Un feu d’artifice de son, d’odeurs et de couleurs.
L’ancienne résidente au Palais de Tokyo renoue à partir de fils très high tech avec la recherche artistique sur la synesthésie, cette mystique de la correspondance entre les différentes sensations. Le Piano optophonique (1915) de Wladimir Baranoff-Rossiné associait la musique et la couleur. Le dispositif central de Megamix y ajoute les dimensions du goût et de l’odeur.
Les platines que dirige Adriana Garcia Galàn sont directement reliées à deux shakers, que la musique mixée par l’artiste met en branle. La machinerie fonctionne par un ingénieux système de fils électriques. Les sons induits par le mouvement des cd en marche produisent des cocktails de fruits sucrés, colorés, et odorants.

Les empreintes graphiques de la vraisemblance.
Ce dispositif principal est placé au cœur de la pièce, dont les murs sont tapissés d’esquisses d’Adriana Garcia Galàn. Parmi ces dessins, on peut observer quelques autoportraits. Le plus touchant présente l’artiste de face posant sa main sur sa bouche. Légende: Never.
Puis dans une mise en abyme touchante de sincérité, la Colombienne peint son corps, tel qu’elle le voit, allongée sur une chaise longue, le maillot de bain baissé sur les pieds tendus. Dans un extrême souci de vraisemblance, les parties intimes ne sont pas masquées par l’austère carnet de dessin qui repose sur ses genoux. La forme si rectiligne et le poids si compact du matériel de l’artiste viennent contraster avec la rondeur de ses formes graciles.

Quand le métissage devient message.
Enfin, toujours d’un trait de crayon léger, et moucheté de couleurs, la Colombienne a dressé le portrait de cinq couples à travers le monde. Sous le titre Life Is Short And Long, Adriana Garcia Galàn dessine la diversité des contextes culturels; mais la structure de la scène reste la même: une femme se penche sur l’épaule d’un musicien pour lui dire un secret.
Peut-être parce que derrière les désordres du Mégamix, l’universel amour croît communément dans l’ombre protégée de l’égoïsme à deux. Quand Adriana Garcia Galàn emmêle 20 mètres de fil entre un micro et un casque, dans ce mini-babel qu’est l’atelier Cardenas Bellanger, le métissage se fait message. Et ce message est reçu cinq sur cinq: entre deux êtres humains, il passe toujours quelque chose, surtout dans une ambiance de fête.

Adriana Garcia Galàn
— Megamix, 2006. Action électroménagère, installation.
— 130 mètres, 2006. Cables, table, micro et casques.
— Never, 2006. Feutre sur papier. 21 x 30 cm.
— Pelo, 2006. Feutre sur papier. 21 x 30 cm.

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