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Meet me on the surface

A 24 ans, Louis Heilbronn affiche une volonté de se confronter à la photographie argentique et aux grandes figures du passé. Dans la pure tradition américaine et la lignée de son ancien professeur, Stephen Shore, il explore des territoires étrangers à la recherche de scènes qu’il capture avec sa chambre photographique. Cette exposition regroupe ainsi des ambiances diverses ramenées de ses voyages en Israël, France, Allemagne et Etats-Unis.

Dans une recherche de pureté et de synthèse, il capte non pas le mouvement du monde mais bien la vie au repos, celle qui est tapie au fond des choses et porte en elle son histoire. Son regard semble attiré vers le suranné et l’intemporel, se situant dans un à-côté de la modernité des villes et des modes actuelles. Un décalage renforcé par une composition centrée sur un point fixe et une absence de tout élément de contingence.

Chacune de ses images laisse apparaître une densité temporelle traduisant une notion de vécu mais aussi de passage d’un état à un autre. A l’affut du moindre signe animant un objet, un paysage, une figure, il investit l’instant capturé d’une histoire ouverte aux champs de l’interprétation.

Dans Cabin In the Woods, c’est l’aube qui éveille le sombre abri de forêt. Dans Pepper Building, c’est l’unique voiture garée au milieu de ce grand parking vide qui rompt le rythme de la scène et éveille la curiosité. Dans le portrait de Jake, c’est sa bouche entrouverte et le pan de sa chemise un peu flou qui nous font sentir la respiration de l’homme.

Bien qu’elles ne soient pas narratives, ses images sont porteuses de fiction. Une ambiance, un mouvement suspendu, un regard hors champ, incitent le spectateur à créer son histoire, à pénétrer cet instant et à le prolonger dans une rêverie personnelle.

Plongeant dans la beauté de ces images, nous découvrons un monde à la fois fragile mais solide, donné à voir presque frontalement, mais gardant une part de mystère, d’enchantement.