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Matisse et la gravure: l’autre instrument

17 Oct - 06 Mar 2016
Vernissage le 17 Oct 2015

Si l’œuvre gravé du maître fauviste reste méconnu, il n’en est pas moins conséquent. Là où la couleur laisse la place au tracé, la figure prend la place centrale. C’est ainsi que l’on découvre d’un nouvel œil le génie d’Henri Matisse, dans l’exposition du Musée qui lui est dédié au Cateau-Cambrésis.

Henri Matisse
Matisse et la gravure: l’autre instrument

«Il dessine, voilà tout, avec de nouveaux instruments». Marguerite Duthuit Matisse, fille de l’artiste, explique ainsi le travail lithographique d’Henri Matisse. Trop souvent ignoré, l’oeuvre gravé d’Henri Matisse revêt pourtant un caractère primordial. De 1900 jusqu’aux dernières années de sa vie, Henri Matisse s’adonnera aux différentes techniques de gravures, multipliant les recherches autour d’un thème central: la figure.

«Ce qui m’intéresse le plus, ce n’est ni le paysage, ni la nature morte, c’est la figure» disait Henri Matisse. C’est effectivement le sujet que traite la grande majorité des quelques 829 estampes recensées dans le catalogue raisonné augmenté des 90 livres illustrés par Henri Matisse. Pointe-sèche, eau-forte, aquatinte, monotype, bois, linogravure, lithographie sont autant de techniques utilisées par l’artiste en parallèle, ou plutôt en contrepoint de son travail de peintre et sculpteur.

«Face cachée», «partie immergée de l’iceberg»… autant de qualificatifs que l’on pourrait utiliser pour définir l’oeuvre gravé d’un artiste reconnu avant tout pour sa maîtrise de la couleur. Avec l’estampe, Henri Matisse prouve que «Le noir est une couleur», en créant des Å“uvres où son trait se développe dans une incroyable précision comme dans une totale liberté. Le musée Matisse poursuit le travail de médiation autour d’une technique maîtrisée et d’un savoir faire exigeant mis en lumière par les rares expositions sur ce thème proposées en 1970 à la Bnf, en 2008 au musée de Quimper en 2011 à la Fondation Mona Bismarck.

L’exposition entre également en résonance avec l’exposition itinérante «Matisse graveur» organisée dans les musées américains de 2009 à 2011. Longtemps jugée comme un art mineur par son caractère reproductible, l’estampe est souvent reléguée «au second rang», alors même que Matisse limitait drastiquement le tirage, parfois même à un seul exemplaire.

Aujourd’hui, grâce à une participation de la Famille Matisse et aux prêts du Musée Matisse de Nice, de la Bibliothèque Nationale de France et du Victoria et Albert Museum, l’exposition rassemble en un parcours pédagogique quelques 200 œuvres classées par technique dont de nombreuses jamais présentées au public (tels que les 7 étapes de la Danse sur 10 existantes). Les prêts des matrices de pierres lithographiques, de bois, de plaques de cuivre ou de linoleum font parcourir cet «autre instrument», guidé par cette phrase de Matisse à Raymond Escholier: «Il s’agit d’apprendre et de réapprendre une écriture qui est celle des lignes».

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