ÉCHOS
10 Oct 2011

Martine Aubry: une politique pour la culture

PCommuniqué de presse
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Cet été, le journal Libération avait organisé un débat autour de la question: «Si vous étiez élu président, vous feriez quoi pour la culture?». Voici ce qu’avait répondu la candidate favorite de la primaire socialiste, Martine Aubry, en binôme avec l’écrivain Christophe Honoré.

La majorité des électeurs estiment que les artistes sont des malins qui se la coulent douce. Alors je comprends le PS qui choisit de ne pas évoquer le mot «art» dans ses 30 engagements. Sans compter que toute proposition mettant en avant une politique culturelle reviendrait à clamer l’arrivée d’un Etat dépensier. Je comprends les risques mais j’attends qu’il les prenne.
J’attends du PS qu’il ne redoute pas d’affirmer l’importance d’une création française moderne, inconvenante, exigeante. Qu’il ne délègue pas constamment aux régions et aux municipalités, une gestion de routine de l’activité culturelle, mais vise au contraire une fiction nationale, européenne. Qu’il ambitionne d’être celui qui réclame des projets d’envergure. J’espère dans le PS pour parler du travail de l’artiste, et de la nécessité de l’encourager, le faciliter. Un Etat qui est curieux et ne déconsidère pas les artistes au travail est plutôt mieux armé qu’un autre pour assurer son désir de démocratie. La majorité des artistes ont estimé que l’UMP voulait les défendre en créant Hadopi, que lutter contre le piratage sur Internet était une priorité vitale pour l’équilibre financier des divers secteurs culturels. La majorité des artistes n’a pas toujours raison. Et j’attends du PS qu’il s’engage à légaliser le partage de fichiers sans but lucratif entre individus sur la Toile, en s’inspirant de la proposition d’une plateforme Création, public et Internet. Car s’il est important de ne pas céder au populisme, il faut garder des forces pour résister au corporatisme. Etre aussi vigilant pour la défense du travail des artistes que pour l’accès à la culture.

(…) Une politique culturelle digne de ce nom prépare l’avenir. Le numérique est «notre» révolution culturelle, elle ne se combat pas avec des lois répressives. Elle exige d’aider les nouveaux modèles de production, d’adapter nos lois sans renoncer à soutenir les artistes et les droits d’auteur, d’assurer le financement de la création musicale et cinématographique, en mobilisant une part substantielle de la richesse créée sur les réseaux et par une contribution modeste et forfaitaire de chacun à la création.

L’art et la culture aident à vivre mieux, à être plus heureux, à se porter au-delà de soi-même, et s’exercent comme une force d’émancipation, de résistance ou de critique. La création tend à chaque génération son miroir, elle en inscrit aussi la trace. Construisons ensemble aujourd’hui le patrimoine de demain.

Extrait du débat «Aux arts, citoyens», Libération, 16 juillet 2011.

Lire l’article dans son intégralité: http://www.liberation.fr/culture/01012349072-martine-aubry-christophe-honore

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