DANSE | SPECTACLE

Jaguar

12 Fév - 18 Fév 2018

Chorégraphe cultivant un imaginaire galopant, à dessein, Marlene Monteiro Freitas invite les figures de l'animalité dans sa création. Sa pièce Jaguar, en forme de duo avec Andreas Merk, oscille entre danse, marionnette, performance. Pour un spectacle ou l'imagination exulte, explose en myriade d'interprétations.

Le spectacle de danse contemporaine Jaguar, de Marlene Monteiro Freitas, se joue à deux. Au moins. Entre danse, théâtre, marionnette et performance, Jaguar met en scène deux protagonistes, la chorégraphe et danseuse capverdienne Marlene Monteiro Freitas, et le danseur allemand Andreas Merk. Pour un duo endiablé, entre rite, partie de chasse et absurde. Sur scène, deux danseurs, habillés comme des sportifs (tennis, ski, aérobic ?), se lancent dans une course. Univers un peu bourgeois de la chasse comme sport de luxe, la performance s’enflamme, glisse dans la singularité. À un rythme rapide et effréné, la chorégraphie fait alors apparaître et disparaître des évocations ancestrales, dans un tourbillon d’imaginaires. Avec comme point d’ancrage le jaguar. Tantôt félin prédateur chargé de symboles et mystères, tantôt marque de voiture conjuguant luxe et vitesse. Performance percutante, emportée par le design sonore de Tiago Cerqueira, Jaguar conjugue moments de calme et accélérations. Entre humour et euphorie.

Jaguar de Marlene Monteiro Freitas : duo et démesure chorégraphiques

Avec la pièce chorégraphique Jaguar, se dessinent des paysages imaginaires. Comme une porte qui s’ouvre en grand, dans un tourbillon fantastique. S’agit-il de Diane et Actéon ? Lorsque le chasseur Actéon épie et surprend la chasseresse Diane, au bain, il s’en trouve puni par la déesse et métamorphosé en cerf (dévoré par ses chiens). Sur scène, une silhouette de cheval en polystyrène ou contreplaqué pourrait aller en ce sens. Quand il ne sert pas de porte-serviettes éponges. S’agit-il du carnaval capverdien, où les rôles sont renversés au sein d’une culture bouillonnante de pluralités, parfois conflictuelles entre elles ? S’agit-il d’une scène énigmatique de théâtre d’avant-garde ? Ou alors, s’agit-il d’un rituel amoureux, d’une danse nuptiale singulière et compliquée ? Avec Jaguar, Marlene Monteiro Freitas et Andreas Merk livre ainsi une pièce chorégraphique où l’imaginaire s’emballe, au galop des interprétations.

Entre euphorie et absurde : peinture dansée, scène de genre et scène de chasse

Le titre Jaguar fait aussi référence au nom donné à certains chevaux. Marlene Monteiro Freitas et Andreas Merk présentent leur création comme étant un mélange entre performance chorégraphique et spectacle de marionnette. Avec deux protagonistes en guise de pantins, dans un théâtre manipulé. Un théâtre où chacun s’en remet, avec plus ou moins de confiance, aux mains de l’autre. Un théâtre habité par la pluralité des références. Celle de la revue-mouvement Der blaue Reiter [Le Cavalier bleu] de Vassily Kandinsky, de l’Expressionnisme à la naissance de l’Abstraction. Celle des Mandingas d’SonCent, personnages effrayants du carnaval capverdien. Celle du peintre Adolf Wölfli, emblème de l’Art Brut suisse… Pour une scène de chasse avec des personnages chassés-hantés [hunted-haunted]. Et comme souvent dans les créations de Marlene Monteiro Freitas, la démesure affleure. À l’instar de sa chorégraphie Bacchantes – Prélude pour une purge, d’après Euripide. Pour une danse où l’imaginaire exulte.

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