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Mark Raidpere

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@24 Mai 2009

Des fêlures et des hommes. Révélé en 2005 lors de la Biennale de Venise, Mark Raidpere travaille l’intime et les blessures des hommes. Une humanité troublante submerge chacune de ses vidéos, sans voiles et sans effets.

Les mains dans les poches de son jean délavé, Mark Raidpere observe en silence et un peu en retrait, l’assemblée venue pour l’inauguration de cette première exposition monographique d’envergure en France. Jeune artiste révélé en 2005 lors de la 51e Biennale de Venise, Mark Raidpere se situe aujourd’hui à un tournant de sa création. Ses œuvres déjà emblématiques comme Ten Men (2003), Voice Over (2005), ou encore Shifting Focus (2005), côtoient ici pour la première fois des œuvres plus récentes.
De l’intimité psychologique à la figure anonyme, de l’univers carcérale à l’univers familial, du privé au public, les corps s’exposent, les blessures se dévoilent, les histoires se racontent. Entre documentaire et fiction, Mark Raidpere tranche les voiles de la pudeur et de la morale, et laisse s’écouler les flots d’une humanité vacillante.

Dans Shifting Focus (2005) il se filme dans un dialogue intimiste avec sa mère. Dans ce face à face, il s’expose et se dévoile, confessant ses angoisses et ses peurs devant ce devoir de représenter son pays à la biennale. La confession se fait dans un espace privé, mais rapidement le cadrage change et devient cinématographique (passage au noir et blanc et au format 16/9e). Le réalisme de la scène prend un air de fiction.

Plus loin, ce sont les profondeurs de l’âme de son père que Mark Raidpere nous jette au visage dans Voice Over (2005). Dans une double projection simultanée, d’un coté, le père livre le récit confus d’une récente crise schizophrénique, tandis que, de l’autre côté, son fils, l’artiste, traduit froidement ses propos. Mark Raidpere est impassible, seuls ses yeux trahissent parfois de l’émotion.

La figure paternelle revient encore dans Father (2001-2005), première vidéo de l’artiste. La caméra se déplace dans les recoins de l’appartement paternel, et l’œil glisse sur les surfaces encombrées de souvenirs vieillis, dressant le portrait d’un homme seul et désordonné.

Plus récemment, pour Vekovka (2008) Mark Raidpere pose sa caméra sur le bord de sa fenêtre. Durant l’arrêt prolongé d’un train, il enregistre l’activité des marchands ambulants. Hors champ, deux hommes discutent, l’un est Russe, l’autre Estonien.
Toujours en caméra fixe et depuis sa fenêtre, il a également filmé les mouvements aléatoires et incessants du parking situé en contre bas de son appartement (Work in progress – 2005). Au milieu de cette effervescence, un homme seul et sans domicile erre. Une musique solennelle et dramatique teinte ces images de solitude et de désÅ“uvrement humain.

La récente installation Majestoso Mystico. Stockholm-Tallinn 26.04.2007 (2007) révèle la sensibilité politique et sociale de Mark Raidpere : le film d’une performance réalisée dans les rues calmes de Stockholm de deux musiciens qui interprètent la musique du Silence des agneaux est confrontée aux images des émeutes qui avaient simultanément lieu à Tallinn.

Mark Raidpere
— Father, 2001-2005, 3 mn 30
—10 Men, 2003, 7 mn 58
— Work in progress, 2005, 11 mn
— Shifting Focus, 2005, 9 mn 30
— Voice Over, 2005, 5 mn
— Andrey/Andris, 2006, 14 mn 24
— 5 Guards, 2006, 40 mn
— Wailing Woman, 2007, 5 mn 30
— Majestoso Mystico, Stockholm-Tallinn 26.04 2007, 2007, 25 mn
— Vekovka, 08.03.2008, 2008, 16 mn

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