ART | EXPO

Mark Lewis

25 Mar - 17 Mai 2009
Vernissage le 24 Mar 2009

Dans son exploration du langage cinématographique jouant avec un cinéma passé, Mark Lewis travaille la matière même qu’est l’image ainsi que sa réception. Il initie un nouveau devenir du cinéma, tissant des liens étroits avec la peinture et la photographie.

Communiqué de presse

Mark Lewis

Mark Lewis

Artiste canadien initié à la photographie et se tournant vers le cinéma au milieu des années 90, Mark Lewis tend vers une nouvelle approche des modes de production et de présentation de l’image en mouvement.

Mark Lewis suit une logique de la fragmentation en disséquant les constituants du film pour en extraire les composants propres au cinéma. Selon lui, il s’agit de donner à voir un « simulacre de cinéma ». Dans cette exploration du langage cinématographique jouant avec un cinéma passé, Mark Lewis travaille cette matière même qu’est l’image ainsi que sa réception. Il initie, en conséquence, un nouveau devenir du cinéma qui tisse des liens étroits avec la peinture et la photographie.

Avec ses travellings époustouflants, ses zooms fascinants et ses décortications de plans, il expose le moteur d’un sujet, d’une situation, d’une action. De ce cinéma continu, sans limites temporelles, Mark Lewis travaille la matière cinématographique afin d’y porter un nouveau regard, de l’interroger en tant qu’objet du champ culturel et artistique du monde contemporain.

Cette exposition est organisée par le Jeu de Paume, en collaboration avec la Fondation nationale des arts graphiques et plastiques, et le Printemps de septembre à Toulouse, avec le soutien du Centre culturel canadien. Mark Lewis représente le Canada à la Biennale de Venise en 2009.

A l’occasion de l’exposition, sont présentés trois films projetés sur grand écran

— Bricklayers Arms, out of focus, pan, eviction (2008, produit pour le printemps de septembre à Toulouse)
Triptyque jouant sur les notions de flou, de panoramique et d’éviction, Bricklayers Arms permet une rêverie savante sur l’art de la caméra, au coeur d’un quartier abandonné de Londres.

— Rush Hour, Morning & Evening, Cheapside (2005)
Rush Hour, Morning & Evening, Cheapside, tourné à Londres, est un temps donné de la journée où le flux humain ainsi qu’urbain est pris dans une luminosité vibrante. La caméra pivote, avance et crée de nouveaux axes de vision. Dans cet univers étourdissant, la flânerie visuelle guidée par la caméra s’accentue par les silhouettes de piétons s’esquissant dans l’espace urbain

— Harper Road (2003)
Harper road montre le renversement des valeurs et le vertige créé par la simple rotation dans le sens horaire d’une caméra placée sur un axe fixe. Un mouvement de caméra qui suffit à perturber les repères habituels du regard.

Les films, ainsi que l’ensemble de la production de Mark Lewis, sont consultables sur le site Internet de l’artiste www.marklewisstudio.com

Mark Lewis a un temps pratiqué la photographie, puis des interventions dans l’espace public. Il découvre l’image en mouvement en 1994, à l’occasion d’un film sur l’un de ses projets réalisé avec la théoricienne du cinéma Laura Mulvey.

Il s’intéresse en particulier aux films des frères Lumière, lesquels cherchaient à décrire une action – comme l’entrée d’un train en gare ou la sortie d’une embarcation d’un port -, en exploitant au mieux la durée d’une bobine, quelques secondes à l’époque.

L’exemple de cette utilisation efficace de la durée du film pour servir une intrigue prélevée dans le quotidien a conduit Mark Lewis à prendre pour matière première des moments ou des états de la réalité qui nous entoure, déjà chargés d’une cohésion temporelle spécifique. Loin de tout effet spectaculaire, il travaille donc des sortes de séquences qui se prêtent à une perception cinématographique.

Les brèves intrigues, dénuées de narration qui constituent les trois films montrés dans cette exposition n’ont d’autre ressort dramatique qu’une procédure assez simple qui fait apparaître le déroulement d’un temps donné. Elles sont en effet chaque fois singularisées par une position ou un mouvement de la caméra sur une perspective urbaine.

Un va-et-vient latéral, autour d’un poteau, et qui s’amplifie légèrement comme pour marquer une hésitation du regard pour Bricklayers Arms (2008), un tour complet de l’image pour Harper Road (2003), ou la projection inversée d’ombres de passants filmées en travelling sur un trottoir avec Rush Hour, Morning and Evening, Cheapside (2005). Les trois séquences évoquent les multiples incidents visuels qui fragmentent le regard des habitants des métropoles, ces situations qui figent quelques secondes ou minutes dans la perception et la mémoire.

L’artiste parle à ce propos du cinéma permanent qui modèle la déambulation et le regard des citadins. Plus généralement les films de Lewis n’ont ni début ni fin et circonscrivent très souvent des espaces et des lieux génériques de l’urbanisme ordinaire, marqués par l’inachèvement ou l’abandon.

Les modalités de tournage, la vitesse et l’angle de vue, les jeux de lumière, de cadrage et les mouvements de caméra donnent à ces lieux une intensité et une dimension d’étrangeté qui font basculer le rapport entre l’identité de ce que l’on voit et la perception qu’on en a. Dans Rush Hour, Morning and Evening, Cheapside, Lewis fait d’un jeu d’ombres une métaphore du cinéma. Une situation et un cadrage spécifique provoquent une perte d’orientation, la construction en boucle accentuant le brouillage des temporalités constamment déployés par ce travail.

Mais cette attention aux composantes du septième art ne doit pas nous induire en erreur. L’oeuvre de Mark Lewis n’a pas pour objet d’explorer les conventions formelles du cinéma. Son intérêt se porte sur les aspects « cinématographiques » du monde où nous vivons et dans lequel les technologies de l’image en mouvement ont radicalement transformé la perception et l’expérience du temps.

Pour cela le musée lui apparaît comme l’endroit le plus adapté à la contemplation silencieuse d’une oeuvre. Les conditions de projection, les dimensions considérables qui échappent à la fois au dispositif traditionnel de la salle de projection et au format télévisé sont une manière supplémentaire d’évacuer le spectacle pour susciter une activité méditative. Ce travail croise ainsi certaines des questions ouvertes par la peinture et la photographie qui ont forgé le regard occidental sur le monde.

Vernissage

Mardi 24 mars 2009 à 19h.

Informations pratiques
Tous les jours sauf les mardis et les jours fériés de 12h à 18h.
Entrée libre.

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