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Mark Dion. The Natural History of the Museum

A Nîmes, Helsingborg (Suède) et Pfäffikon (Suisse), l’artiste américain présente cette année dans une exposition rétrospective sa fascination pour l’esthétique de la collection d’histoire naturelle et de la «nature morte», en accumulant divers objets à la manière des anciens cabinets de curiosités.

Information

Présentation
Françoise Cohen, Andreas Meier, Natacha Pugnet
Mark Dion. The Natural History of the Museum

«Une promenade à la surface du monde», par Françoise Cohen (extraits)
« Mark Dion, artiste voyageur en perpétuel mouvement, héritier de la tradition occidentale des explorateurs n’ignore aucun recoin de la planète. Mais plus important encore est le transfert de leurs méthodes à notre monde immédiat. Dans le rationalisme du XVIIe siècle, la question de la mesure, de l’angle d’approche met en forme la réflexion scientifique. La révolution copernicienne exposée par Pascal est le retournement des termes de la comparaison, le soleil et le globe terrestre. Dans son humour, Mark Dion procède de même, de la jungle à la «jungle de béton», des animaux naturalisés à Mickey…
Mark Dion glisse dans l’espace et le temps. Sous les marches des ères géologiques de Deep Time Closet, comme dans les tombes égyptiennes, le ciel est étoilé, car l’entropie peut être belle. Cette légèreté n’est pas que celle du déplacement géographique, mais aussi celle de l’emprunt, de l’indice, de la coïncidence. Mark Dion a choisi d’investir un ordre qui n’est pas le sien. L’art mêlé de nombreuses scories se joue de lui-même et des autres. Usant de procédures de métissage et de contamination, tantôt créateur romantique ou anthropologue investi dans le contexte social, Mark Diori témoigne d’une immense liberté.
La marge et le collage, le rapprochement improbable des espèces, les techniques les plus sérieuses appliquées aux greniers et aux terrains vagues en sont les modes de développement. Mark Dion aime les espèces parasites : le rat, la mouette… C’est que loin des anathèmes de paradis perdu fréquents sur le thème de l’environnement, de cette impureté naissent l’œuvre et le mouvement des idées.
Au travers de ses pièces, la science est aussi un grand récit, une fiction avec ses-héros animaux autant que ses génies scientifiques. Dans la taupe en peluche, reproduction exacte de l’expérience de Jean-Henri Fabre, est-ce vraiment l’attaque des insectes nécrophores qui centre l’attention, ou le pendu, image de souffrance presque humaine ? Si Mark Dion privilégie le cabinet bien rangé, le Theotrum Mundi, c’est pour en interroger la représentation, non pour la figer. Dion ne propose pas une archéologie de la connaissance. Il la met en mouvement. De nombreuses oeuvres ressemblent à des campements, bases scientifiques de recherches aussitôt disparues et déplacées.
Dans sa blouse blanche, identifié par la monture de ses lunettes, il endosse le personnage du savant, le porte à son extrême souvent jusqu’à l’absurde et dissout en fumée l’esprit de sérieux — léger comme la bulle de savon baroque. »

Ce catalogue est publié à l’occasion de l’exposition présentée au Carré d’Art de Nîmes du 7 février au 22 avril 2007, puis au Dunkers Kulturhus d’Helsingborg, en Suède, du 25 mai au 26 août 2007, et enfin au Seedamm Kulturzentrum de Pfäffikon, en Suisse, du 15 septembre au 11 novembre 2007.