DANSE | SPECTACLE

Tiondeposicom

22 Mar - 23 Mar 2019

Pièce jeune public (dès cinq ans), Tiondeposicom du chorégraphe Marc Lacourt prend les traits d'un joyeux bazar bigarré. Mais attention car, si comme pour le titre, l'assemblage semble n'avoir ni queue ni tête, il se peut pourtant qu'il y ait un sens. Voire même plusieurs.

Une scène un peu foutraque, un danseur incongru : voici Tiondeposicom (2015) de Marc Lacourt (MA Compagnie). Le sous-titre à lui seul détend : « Tiondeposicom. Ou le sourire qui scotch sur la bave au loin ». Tout le monde est prévenu : le spectacle ne risque pas de s’enliser dans un sérieux morose. Pièce modulable, accessible dès cinq ans, Tiondeposicom promet quelques étonnements. Le titre déjà. Un mot trafiqué pour une pièce sur le rafistolage ; un néologisme en forme de carambolage. Mais comme tout bon bricolage, le solo de, et par, le danseur-chorégraphe Marc Lacourt est actif à plusieurs niveaux. S’il est ludique et joyeusement bigarré, accessible aux enfants, il est aussi riche en évocations pour les adultes. Sur scène, des éléments flottent. Carton, ruban adhésif, ficelle, kraft… À l’instar de l’artiste Thomas Hirschhorn, auquel Marc Lacourt se réfère lorsqu’il évoque son travail : il utilise des matériaux qui ne font pas peur.

Tiondeposicom de Marc Lacourt (dès 5 ans) : un joyeux bricolage chorégraphique

Matériaux facilement accessibles, armoire bancale, pot de fleur d’appoint… Partout, Tiondeposicom peut advenir. Sous un préau, dans un hangar, sur une scène : l’énergie est dans l’imagination et la force du bricolage, d’assemblage. La perruque aux longues bouclettes blondes ne fait même pas semblant d’être naturelle. Sur la tête de Marc Lacourt, elle fait même plutôt semblant d’être sortie d’un imaginaire collectif solide. Le prince, la princesse, le monstre, le fantôme… Marc Lacourt passe d’un personnage à l’autre, sur une composition sonore bidouillée par lui-même. Mais attention aux bidouillages : ils sont parfois plus sérieux et ingénieux qu’ils n’y paraissent. À la façon de la performance vidéo Le cours des choses de Peter Fischli et David Weiss [Der Lauf der Dinge, 1987]. Soit un plan séquence suivant une réaction en chaîne, comme un jeu de dominos à la limite du cartoon. Pour un engrenage parfait.

Antidote contre l’ennui : Tiondeposicom ou le sourire qui scotch sur la bave au loin

Jouant autant avec les éléments du réel qu’avec les archétypes, Marc Lacourt donne ainsi du fil à retordre à l’imagination. Le titre ? Les syllabes de ‘décomposition’ redistribuées. Pour une danse composite, où la princesse percute La Création d’Adam de Michel-Ange, où le pitre rencontre le Barbe-Bleue de Béla Bartók, où, dans le cirque de la scène, se devine l’écho de Diane et Actéon. Ode à l’inventivité, il se peut aussi que certains signes atteignent l’incompréhensible. Cet état de tension où convergent la certitude d’un sens à trouver, et l’incapacité à le saisir. « Avec une danse faite à la fois d’actions prises du quotidien et de mouvements plus abstraits, j’aborde la question de la narration dans la danse. » Hommage à la curiosité et à la fabrication de nouvelles structures à partir d’éléments simples, Tiondeposicom soulage de l’ennui. Comme un sourire qui scotch sur la bave au loin.

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