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Manhattan Suicide Addict

Fiction autobiographique d’une figure atypique et extravagante de la scène artistique new-yorkaise des années 1960. Kusama y relate les happenings et performances qu’elle organisait alors, et surtout les orgies et partouzes homosexuelles sur fond de drogues et de rock, qui firent d’elle une scandaleuse icône des milieux undergound et arty.

— Auteurs : Yayoi Kusama ; introduction de Franck Gautherot
— Éditeur : Les Presses du réel, Paris
— Collection : L’écart absolu
— Année : 2005
— Format : 17 x 24 cm
— Illustrations : quelques, en noir et blanc
— Pages : 255
— Langue : français (trad. du jap. : Isabelle Charrier)
— ISBN : 2-84066-115-2
— Prix : 26 €

Présentation

Yayoi Kusama, on la savait excentrique, on la découvre scandaleuse, incorrecte, embarrassante, mais sacrément juste et nécessaire. Publié pour la première fois en 1978 à son retour à Tokyo après un long exil volontaire à New York, Manhattan Suicide Addict, n’avait jusqu’alors connu de traduction. Il est presque compréhensible que personne n’ait voulu se lancer dans la traduction d’un tel brûlot qui met à mal, non seulement le puritanisme américain, protestant et honteux, mais surtout la bonne forme, par la totale incorrection du propos et sa manière — précise et onirique à la fois, factuelle jusqu’à l’hyperréalisme et délirante simultanément. C’est l’histoire d’une artiste d’avant-garde qui tourne mal, qui s’affiche en Pimp Kusama, fournissant à l’élite médiatico-intellectuelle (des deux sexes) une cohorte de jeunes éphèbes gay en rupture de famille.
Mais c’est aussi l’histoire d’une souffrance, d’une jeune femme en proie à un syndrome narcissique avec dépersonnalisation et hallucinations que l’usage immodéré de drogues en tous genres apaise (et/ou accentue ?). L’histoire d’une réécriture des années 1960 à l’aune d’un Japon étouffant qui malgré tout accueillit sa prose et la célébra.

Née en 1929 au Japon, Yayoi Kusama, s’embarque pour les États-Unis en 1957. Dès 1959 à New York, elle expose sa peinture, abstraite, sans composition, souvent monochrome et répétitive jusqu’à l’obsession. Elle aborde en parallèle la sculpture en recouvrant des objets quotidiens de protubérances molles phalliques. Ces objets inclassables se multiplient en même temps que l’artiste met en oeuvre des actions de rue — happenings et performances dénudées — dans les lieux symboliques de la ville tout autant que des orgies débridées dans son propre atelier.
En 1973, malade, elle repart pour le Japon où elle s’enferme dans un hôpital psychiatrique qu’elle n’a plus quitté depuis. Trouvant refuge et confort, suivie par des médecins amis, elle s’y organise une vie de travail et d’écriture, à l’écoute de la ville et protégée d’elle. La reconnaissance venue dès les années 1980 et la consécration internationale des années 1990 lui confèrent désormais une place de tout premier plan dans l’histoire des avant-gardes mais aussi dans l’actualité d’aujourd’hui.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Les Presses du réel — Tous droits réservés)

L’artiste
Yayoi Kusama est née en 1929 au Japon, où elle vit et travaille.