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Malick Sidibé

Grand nom de la photographie africaine, Malick Sidibé, fait son entrée dans la collection Photo Poche. Le photographe malien, dont le studio est à Bamako depuis 1962, a tiré le portrait d’anonymes et de célébrités et fait de nombreux reportages. Son œuvre représente ainsi une source documentaire foisonnante sur le Mali contemporain.

Information

Présentation
Malick Sidibé, Laura Serani
Malick Sidibé

Après Seydou Keïta (1923-2001; Photo Poche n° 63), c’est un autre grand nom de la photographie africaine, Malick Sidibé, qui fait son entrée dans la collection Photo Poche. Malien comme son illustre aîné, Malick Sidibé est né en 1936 à Soloba.

Il a toujours vécu et travaillé à Bamako où son célèbre studio, situé dans le quartier populaire de Bagadadji, draine, depuis 1962, une foule d’amateurs, célèbres ou anonymes, désireux de se faire photographier par un des meilleurs portraitistes de sa génération.

En 2003, il est le premier photographe africain à recevoir le prestigieux prix Hasselblad et, en 2007, il se voit décerner un Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière à la 52e Biennale d’art contemporain de Venise.

“Je suis un portraitiste naturaliste, pas philosophique”, aime à répéter cet artiste révélé au monde en 1994 lors des premières Rencontres africaines de la photographie de Bamako, initiées par Françoise Huguier.

Le naturalisme qu’évoque ici Sidibé procède à coup sûr d’un sens inné de la communauté et d’une forme d’empathie pour ses semblables qui lui permettent, depuis plus de quarante ans, de saisir au plus juste la diversité collective et singulière de ses condisciples.

Lumière, décor, mise en scène, le photographe a toujours renouvelé et approfondi son art du portrait que l’historien d’art, Vincent Godeau, définit comme une “esthétique de la proximité”.

Malick Sidibé est un homme de racines, il n’a rien oublié de son enfance de paysan peul dans le village de Soloba où il fut tour à tour berger, bouvier et cultivateur… Cette fidélité à ses origines lui a permis, dès 1957, lors de ses premiers reportages effectués à mobylette ou à vélo, de saisir avec discernement les mutations de la société malienne et de sa capitale, Bamako.

Les heures heureuses de l’indépendance, la liberté insouciante d’une jeunesse qui découvre l’ère des loisirs, des fêtes, des bals et des pique-niques au bord du Niger, deviennent la matière féconde de sa soif de photographie: “J’ai eu la chance de photographier des gens en mouvement qui ne faisaient pas attention à moi; je n’ai jamais dansé mais ces jeunes respiraient la vie!”

L’ensemble de ces reportages, élaboré selon un protocole photographique et un rituel qui n’ont jamais varié, constitue une source documentaire de tout premier plan sur l’histoire contemporaine du Mali.

Adepte du noir et blanc, Malick Sidibé a développé en Afrique, dans une veine et une facture toutes personnelles, une œuvre de portraitiste d’une aussi grande portée que celle du maître européen du genre, le photographe August Sander.