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Magnus von Plessen et Kristin Baker

PMuriel Denet
@12 Jan 2008

Le nouvel accrochage de l’espace 315 fait penser, avec Magnus von Plessen et Karine Baker, à une mise à jour de Cher peintre, l’exposition qui, ici même, il y a deux ans, s’essayait à une réhabilitation de la peinture.

Magnus von Plessen et Karine Baker, tous deux nourris de photographie, et de vidéo, comme tous les artistes de leur génération, reviennent à ce genre entaché d’obsolescence pour en exploiter les capacités expressives supposées plus libres. Expression d’une intériorité inquiète, pour l’un, et d’une vision joyeusement apocalyptique d’un monde aux antipodes de l’art — celui des courses automobiles —, pour l’autre. Deux univers que rien ne semble rapprocher, si ce n’est une même application à dissoudre ce réel qui sature les images analogiques jusqu’à les y confondre.

La touche de Plessen est à la fois constructive et destructrice. Appliquée à la brosse par bandes rectilignes, elle étire la pâte polychrome en la raclant jusqu’à la trame de la toile, classiquement tendue sur un châssis. Ces bandes jointées, entrecroisées, cassées, creusent la surface et produisent des effets de matière sans épaisseur. Trompe-l’œil efficace pour des motifs évanescents, solidement structurés, mais ravalés par un fond clair, blanc ou bleu, qui les submerge. Ruine, cave voûtée et barricadée, grenier à l’abandon, ou blonde endormie flottant comme en rêve. De la présence au monde, Plessen ne retient que les saillies, fossilisées ou calcinées, comme une ultime résistance au passage du temps.

Aux teintes sourdes de Plessen répondent les éclats de couleur de Baker, qui explosent sur de grands formats panoramiques, éventuellement courbes, à l’instar des circuits automobiles. Sujet pop s’il en est, la vitesse, et la compétition sont aussi une métaphore de l’Amérique. Les tableaux hybrident allègrement les effets atmosphériques de neige ou de couchers de soleil, de gaz d’échappement, les traînées grises des pneus sur le bitume, et les couleurs vives et nettes des signalisations et des carrosseries rutilantes et bariolées. Les crashes sont un festin de bruit et de couleurs. Et les moyens, aussi artificiels que le spectacle, miment habilement les techniques de carrossier : boulons, alu, PVC, acrylique brillant et autocollants multicolores. Vision critique ou apologétique d’un divertissement populaire, l’ambiguïté demeure, dans la plus grande tradition du pop : sous la surface clinquante, le doute ou rien.

Magnus von Plessen
— P.C. Groß (P.C. Large), 2004. Huile sur toile. 138 x 116,5 cm.
— Sans titre, (Double portrait), 2003. Huile sur toile. 140 X 105 cm.
— Dachboden (Grenier), 2003. Huile sur toile.
— Liegende (Figure couchée), 2003. Huile sur toile. 65 x 95 cm.
— Außen (Dehors), 2003. Huile sur toile. 173 x 280 cm.
— Innen (Dedans), 2003. Huile sur toile. 173 x 280 cm.
— Felicity, 2002. Huile sur toile. 68 x 52 cm.
— Sans titre, 2001. Huile sur toile.
— Lena (Escalier), 2000. Huile sur toile. 280 x 173 cm.
— Sans titre, 2000. Huile sur toile. 60 x 50 cm.
— In Gegenlicht (Dans le contre-jour), 1999. Huile sur toile.

Kristin Baker
— Passage at Section K.P., 2004. Acrylique sur PVC. 246,3 x 457,2 cm
— Kurotoplac Kurve, 2004. Acrylique sur PVC. 246,3 x 487,6 x 190,5 cm.
— Non-Swede in Sweden, 2004. Acrylique sur PVC. 246,3 x 307,3 cm
— Down Suzuka, 2001. Acrylique sur PVC. 243,8 X 243,8 cm.
— The Unfair Advantage, 2003. Acrylique sur PVC. 152,4 X 274,3 cm.
— Big Bang Vroom, 2003. Acrylique sur PVC. 243,84 x 304,8 cm.
— Sans titre, 2003. Acrylique sur PVC. 243,8 x 304,8 cm.

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