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Magda Danysz

Depuis un an, Magda Danysz jongle entre Paris et Shanghai. Bund 18, sa nouvelle galerie en Chine surfe sur l’énergie de l’empire du milieu. Son enthousiasme pour ce nouvel eldorado de l’art contemporain ne l’aveugle pas. Elle met un point d’honneur à présenter la seconde génération d’artistes chinois qui parlent des outrances urbaines de la capitale économique du pays.

Pierre-Evariste Douaire. Pourquoi créer une galerie en Chine ?
Magda Danysz. J’avais pensé aller à Los Angeles, mais la crise a touché de plein fouet les Etats-Unis. J’ai atterri à Shanghai au détour d’une escale. J’ai constaté que tout y était plus facile. Les choses se font plus vite qu’ailleurs. Les projets s’y concrétisent immédiatement. C’est hallucinant ! Il y règne la même énergie qu’à New York, au début des années 1980. Après ce coup de foudre, je ne pensais qu’à une seule chose, comment revenir pour des raisons professionnelles. J’ai d’abord pensé à des projets ponctuels comme monter un festival de vidéos. Mais de fil en aiguille, j’ai reçu un espace que l’on ne refuse pas. Du jour au lendemain, j’ai reçu les clefs d’un espace de 400m2. La contrepartie était à la hauteur du pari, faire vivre le lieu en y montant des expositions, comme à Paris, tous les mois et faire aimer cela au public shanghaien.

Où se trouve ta galerie à Shanghai ?
Magda Danysz. La galerie est située sur le Bund, l’équivalent des Champs-Elysées. La galerie s’appelle Bund 18. L’immeuble qui l’abrite est tout autant connu. Il a été construit dans les années 1920, quand la ville était un comptoir. Les débarcadères débordaient de marchandises. Il est imprégné de cette époque cosmopolite. L’effervescence actuelle rappelle complètement cette tradition. Sa terrasse est classée, sa restauration a été saluée par l’Unesco. En haut des sept étages, le «Bar rouge» est le bar de la ville. Tu y trouves aussi un restaurant gastronomique et la galerie. Juste à côté, il y a le Peace Hôtel, le premier hôtel de luxe créé dans la République populaire de Chine. Mais le montant du bail et son renouvellement tous les ans, te rappellent quotidiennement la chance d’être implanté dans le meilleur quartier de Shanghai.

Qu’elle est la programmation de Bund 18 ?

Magda Danysz. La programmation à Shanghai est la même qu’à Paris. Les expositions circulent. L’inauguration de la galerie a coïncidé avec les dix ans d’existence de l’antenne parisienne. Jonone travaillait conjointement pour l’espace français et chinois. Il a préparé, pour l’occasion, deux expositions. Il avait tout préparé à l’avance et a profité de la résidence d’artiste pour tout finaliser là-bas.

Il y a des artistes chinois dans ta galerie ?
Magda Danysz. Au départ je ne voulais pas faire une galerie chinoise. La première génération d’artistes contemporains a existé hors de Chine avant moi. Il me semblait idiot de me les récupérer après coup ! Par contre la seconde génération est mal connue. Elle a plus de recul. Elle s’intéresse aux conséquences du boom immobilier, aux laissés-pour-compte. Un artiste comme AK47, un des premiers «graffeurs» chinois en 1989, a forgé son art sur les murs en démolition de Shanghai. Face aux bulldozers et à l’outrance urbaine, son travail interpelle les dirigeants. Il leur dit «n’oubliez ces gens que vous expulsez». Il n’y a qu’en France que le déplacement de huit millions de travailleurs migrants pose un problème. En Chine, les chinois s’en fiche complètement. Lui, par contre, en parle dans ses toiles. Il n’est pas seulement préoccupé par le style et la forme. Il ne revendique pas, mais il s’empare du sujet. C’est très chinois cette façon de faire. Il propose également des face-à-face. D’un côté, il utilise une affiche de propagande immense, et en vis-à-vis, il place le cliché original. Il confronte la supercherie, l’emphase avec le document initial. C’est très intense. Bizarrement, mes expos là-bas, ont comme toile de fond un terreau polémique et politique. Je ne recherche pas ce terrain, je ne communique par sur ce sujet, mais force est de constater que cette notion est présente, depuis peu, chez les artistes que je présente à Shanghai.

Depuis qu’il est le portraitiste de la campagne officielle de Barack Obama, tu continues à travailler avec Shepard Fairey ?
Magda Danysz. Il a participé à une exposition de groupe. Nous sommes en pourparler pour une autre exposition. Pour l’instant rien n’est décidé. J’ai hâte de voir son regard sur la société chinoise. Ça lui ira très bien. Son discours est axé sur la propagande, donc ça ne peut être que prometteur.

Zevs, un artiste de la galerie, a peint sur un magasin Armani de Hong Kong, le logo dégoulinant de Chanel cet été. Il a été en prison. Tu as suivi l’affaire ?

Magda Danysz. Zevs était très bien entouré et il a très bien géré le problème. Les chinois sont des gens pragmatiques. Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé, mais il faut bien comprendre qu’un conducteur ivre est systématiquement placé en prison pendant quinze jours. Les sanctions sont immédiates et sévères pour tout le monde. Il n’y a pas de gradation.

Ta galerie propose une résidence d’artiste et abrite une fondation.

Magda Danysz. Je profite de l’énergie ambiante pour la donner aux artistes que l’on fait venir. Chaque artiste découvre d’abord la ville et s’imprègne de l’énergie ambiante. Ensuite chacun peut produire à sa guise. Le résultat de la résidence est ensuite présenté à la scène artistique shanghaienne, réunissant de façon relax curators, artistes, critiques d’art.

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