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Lucy+Jorge Orta. Food/Water/Life

Les artistes Lucy et Jorge Orta s’interrogent sur la façon dont l’art peut générer et nourrir un dialogue constructif autour d’enjeux écologiques et humains en regard des problèmes croissants du monde. Conjuguant actualité et métaphore, leurs créations nous invitent à une prise de conscience collective et à modifier notre approche des questions vitales.

Information

Présentation
Paul Ardenne, Catherine Larrère, Christophe Rioux
Lucy+Jorge Orta. Food/Water/Life

Lucy+Jorge Orta sont des artistes de renommée internationale. Partant de l’actuelle «culture économique» conduite par le mythe de l’abondance, ils s’intéressent à une nouvelle «économie culturelle», à travers un art contextuel, servi par une grammaire visuelle originale. Conjuguant actualité et métaphore, ils considèrent leurs créations comme des «déclencheurs» réalisés pour fonctionner comme catalyseurs sociaux, invitant à modifier notre façon d’appréhender des questions contemporaines et d’avenir fondamentales.

Pour l’exposition «Food/Water/Life», qui se tient à la Villette du 21 mai au 21 septembre 2014, les Orta se sont penchés sur trois grandes questions environnementales et sociales.
Food, par des sculptures, des installations, des dessins, évoque notre gestion des aliments: espèces en voie de disparition, production et consommation, et avec le rituel du repas le partage et la convivialité.
Pour Water, les artistes interprètent les défis sociaux et environnementaux concernant cette ressource naturelle et vitale, l’inégale accessibilité à l’eau et sa raréfaction.
Life rappelle l’Antarctique, une utopie pour les artistes: ce continent, dont le climat extrême impose l’entraide, permet la collaboration de chercheurs pour le bien et la paix de la planète. En écho à cette «terre promise», autour de l’Antarctic Village — No Borders, les œuvres font référence à la précarité de l’habitat, aux migrations et à la citoyenneté.

«En réalité, Lucy+Jorge Orta semblent cultiver un «art du Slow», comme le prouvent leur propre rapport au temps et leur prise de conscience d’une mutation majeure de l’économie: en effet, dans l’histoire du capitalisme et à l’échelle d’une planète enfin perçue comme une totalité, l’espace n’aura cessé de se réduire, avec la révolution des transports et des moyens de communication. Mais il faut toujours le même temps pour découvrir une œuvre d’art ou vivre une expérience artistique. Le temps de la création reste également incompressible, comme le démontre d’ailleurs le Studio Orta: un projet peut s’étaler sur une dizaine d’années.

Pourtant, notre temps n’est plus celui des «montres molles» du tableau La Persistance de la mémoire de Dali ou de la sculpture L’Heure de tous d’Arman composée d’horloges qui donnent toutes une heure différente. Il est plutôt celui de The Clock, montage vidéo de 24 heures constitué de milliers de séquences cinématographiques ou télévisées en rapport avec le temps, qualifié par The Guardian de «chef-d’œuvre de notre époque»: cette création de l’artiste Christian Marclay datant de 2010, où toutes les montres donnent la même heure.

L’environnement économique mondial, marqué par les phénomènes d’accélération et de dématérialisation déjà évoqués, n’échappe pas non plus à cette synchronisation, à la fois en matière financière et en matière de production. A un marché unique de l’argent accessible de manière permanente correspond un système productif qui serait passé de la division internationale du travail à la décomposition internationale du processus productif: en bref, le monde est devenu une gigantesque usine de pièces détachées. Mais, des un contexte de crise, le modèle fondé sur une logique de croissance et de consommation arrive à bout de souffle.»
Christophe Rioux

Sommaire
— Préface de Jacques Martial
— Citoyens du monde? Habitants de la planète, par Catherine Larrère
— OrtaWater: la citoyenneté de l’art, par Paul Ardenne
— Un art anthropocène, par Christophe Rioux
— Entretien
— Studio Orta Les Moulins