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Loveland

06 Jan - 12 Fév 2011
Vernissage le 06 Jan 2011

Loveland aurait pu être un lieu idéal, un paradis, une terre promise. C’est en réalité une ville sans grand intérêt, située dans le Nord du Colorado, qui ne tient pas ses promesses. Loveland n’est en fait qu’un mirage, une illusion, une utopie.

Communiqué de presse
Stéphanie Lagarde
Loveland

Loveland prend la forme d’une vidéo dans laquelle des noms idylliques défilent: Aurora, Sun Valley, Mount Joy, Champaign, Aventura, Arcadia, Paradise Valley, Freedom, qui laissent peu à peu présager le pire: Big Rapids, Muck City, Mad River, Nothing, Battle Ground, Last Chance, Panic, Hell.

C’est aussi la maquette rétrofuturiste Googie, devenue la relique d’une époque où l’on croyait encore en un avenir radieux. L’optimisme triomphant de l’Amérique des années 1950 et son « Trust in a bright future » ne sont plus qu’un souvenir format réduit. Dans le parc d’attraction, les lettres lumineuses de Tsunami semblent écrasées par l’immensité du ciel.

Stéphanie Lagarde cultive l’ironie et pointe un regard critique sur «le monde comme il va». Déjà dans ses précédentes pièces –Berceuse (2006), Le Paradis à la fin de vos jours (2006), Sweet life (2007)–, elle joue le décalage entre le titre et l’oeuvre. L’apparente douceur des mots cache souvent un goût amer, celui de la chute des idéaux. L’illusion laisse place à la réalité, à l’image du néon On Air (Sur terre) (2008).

Pourtant dans le travail de Stéphanie Lagarde, cette ironie du sort, vision pessimiste très voltairienne, se meut en un lyrisme romantique, synonyme de liberté créatrice. Comme avec la série Promised lands (2009-2010), des poèmes de l’artiste présentés face aux croquis de projets en cours. Le poème Old me / White and fatty / Melting badly / Sweating like hell / Retiring discreetly / Time spares no one / But a bunch of isolated heroes côtoie le dessin d’un cube minimal qui aurait mal vieilli. L’idéal artistique a laissé la place à l’autodérision.

Stéphanie Lagarde porte un regard critique sur ses oeuvres, révélant leur vanité: « I’m tired of supporting your need of miracles » ou peut-être la vanité même de l’idée de création, de l’opposition insurmontable entre réel et idéal: « I wanted to grow an island as a garden / It escaped after two days ».

Cette réflexivité se retrouve à échelle humaine dans Solo, ring de boxe pour une personne, seule, face à la dualité du Moi. Combat vain contre son propre camp. Illusions perdues.

Loveland n’existera sûrement jamais. Et on le sait depuis longtemps: «tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles». Mais il reste encore dans un coin un morceau de ciel bleu à déplier.

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