ART | EXPO

Louis Cane

21 Avr - 09 Sep 2012
Vernissage le 20 Avr 2012

Les œuvres de Louis Cane jaillissent de couleurs et proposent des thèmes et des pistes de réflexion très variés. L’artiste va chercher en lui sa propre originalité partant de ses propres constatations et réflexions. En marge des conventions, son travail allie prise de risque et plaisir à peindre.

Louis Cane
Louis Cane

Louis Cane a été l’un des membres fondateurs de l’éphémère groupe Supports/Surfaces. Il a contribué à la constitution et à la définition de son « corpus » théorique et a été l’un des animateurs de la revue Peinture, Cahiers théoriques créée avec Vincent Bioulès, Daniel Dezeuze et Marc Devade. Il en a été l’un des contributeurs les plus radicaux et indiscutablement le plus soucieux d’articuler ses interrogations d’alors à l’histoire de l’art occidental et à l’histoire de la peinture chinoise ancienne. Cette dernière lui semblait offrir un «ailleurs» où se ressourcer en se démarquant de la peinture américaine dont la revue était alors un actif vecteur de défense et de propagation.

Au sein du groupe, Louis Cane, fut moins préoccupé par la déconstruction du tableau que par le souci de poursuivre l’aventure de la «grande peinture» en évitant le piège du dernier tableau et celui du retour à une origine perdue. Après des jeux de répétition qui reprennent, pour en dévier le sens, les jeux cumulatifs chers aux nouveaux réalistes, ses œuvres du «moment Supports/Surfaces» témoignent de son souhait de dépasser le minimalisme trop design des peintres américains issus du Colorfield par un travail de l’espace pictural redevable à la peinture chinoise ancienne. Le recours aux dégradés des valeurs, dans les toiles «sols/murs», établissent un espace enveloppant intégrant le jeu cosmique du vide et du plein. Il allait comme de soi, mais c’est après coup que s’en impose la logique, qu’un retour s’imposait vers l’art occidental et la structuration de ses représentations. Les peintures des années 1976-1978, d’évidence, renouent, comme l’écrivit Pontus Hulten, «avec la tradition des peintres d’autrefois. [Elles] prennent en considération l’histoire des formes telle qu’elle a pu s’inscrire dans l’histoire de l’art, pour aboutir à une recherche formelle qui unit la Renaissance italienne à la peinture américaine des années cinquante, dans une transcription nouvelle.»

Ces œuvres de Louis Cane que montre le musée d’Art moderne et d’Art contemporain de Nice n’ont guère été vues. Elles ont même été — délibérément? — ignorées. C’est regrettable. Il va bien falloir admettre qu’elles anticipent et annoncent les travaux de la figuration libre et de la «Bad Painting». Et ceux de George Condo. En posant, mieux que ce dernier, beaucoup plus de questions et en soulevant beaucoup plus d’interrogations sur la nécessité de l’art aujourd’hui et sur ce que peut encore exprimer la peinture sur notre civilisation et son devenir.

Malraux disait qu’un peintre peignait des tableaux non pas parce qu’il avait envie de peindre un chat ou des pommes, mais parce qu’il avait vu des tableaux et qu’il lui fallait donc en peindre à son tour. Pour s’inscrire dans son musée imaginaire, son musée imaginaire à lui, Louis Cane doit d’abord le peupler. C’est ce qu’il fait avec jubilation. Avec humour. Pour ne pas succomber dans les abîmes du sacré, il faut s’y frotter et s’en alléger. Cet apparent saccage du grand art occidental en est, en fait, la célébration. Peut-être aussi son Tombeau, c’est-à-dire son éloge triste et douloureux. Une manière, pour très mal citer Jules Laforgue, de mener le deuil très lent de notre sœur qui dort. La Peinture. Et ainsi pouvoir la réveiller. Peindre encore avec un cynisme allègre afin de ravager la célébration peinte de Papes terrifiants et peindre encore et sculpter encore cette jeune Ménine si triste et si digne immortalisée jusqu’à la fin des temps par Vélasquez. Qu’elle s’inscrive ainsi dans notre mémoire comme l’emblème de l’enfance effacée par l’Ordre et le Pouvoir!
Bernard Ceysson

Vernissage

Vendredi 20 avril 2012 à 19 heures

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