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L’oeil du signe

26 Mar - 25 Mai 2014
Vernissage le 26 Mar 2014

Ces photographies réalisées à partir de constructions en carton et d’une chambre noire, renvoient à une forme de nostalgie d’un temps archaïque sans cesse à réinventer. Il s’agit essentiellement d’un travail d’atelier, où le sujet, fabriqué à partir de matériaux pauvres, est un prétexte qui suscite chez le spectateur un récit.

Jean-Michel Fauquet
L’œil du signe

Les œuvres de Jean-Michel Fauquet résultent de procédés qui font appel au dessin, à la peinture et à la sculpture, avant de donner lieu à des photographies proches de l’estampe.

Il s’agit essentiellement d’un travail d’atelier, où le sujet, fabriqué à partir de matériaux pauvres, est un prétexte qui suscite chez le spectateur un récit que celui-ci élabore à partir de sa propre mémoire et de son imaginaire. Sa façon de voir la lumière et les formes est très personnelle. Ses procédés de tirage autant que l’utilisation de papiers ou de supports particuliers en font aussi un alchimiste.

Selon le journaliste et écrivain Stéphane Bonnefoi, «Jean-Michel Fauquet est un artiste à hauteur d’homme, plus familier du Massif Central, des tumuli et des monts laborieux que des sommets romantiques. D’ailleurs, son regard ne vise jamais les hauteurs mais plutôt leurs antres, tout comme celui des centrales électriques, noires et boulonnées, des pylônes de téléphériques rouillés ou des cabanes de chantier… Une mythologie du travail — de la montagne, éveillée dès son enfance dans les Pyrénées.

Jean-Michel Fauquet est né à Lourdes en 1950. Tous ces objets en résistance face au passage du temps renvoient le photographe à une forme de nostalgie qui serait plutôt celle du néolithique, d’un temps archaïque sans cesse à retrouver, à réinventer, plutôt qu’à celle de l’enfance: «Je suis chargé d’une histoire qui va bien avant ma naissance». Il faut peu de choses à Jean-Michel Fauquet pour construire ce qui n’a existé que dans les méandres d’un temps antédiluvien: du carton et une chambre noire. Pour percer ses montagnes, il se fait tour à tour dessinateur (dans le métro), vagabond (dans les rues de Strasbourg-Saint-Denis), artisan (dans son atelier-appartement)…

Autant de fonctions élémentaires, vitales pour lui, qui font peut-être un artiste. Dans le quartier du Sentier où il vit (un mont né sur les déchets des Halles), il récupère du carton: «Nous entrons dans l’âge du carton, qui est celui de la précarité et du rejet». Un matériau pauvre et sans histoire. Précieux. Il construit alors des reliques enserrées dans un écrin gris-noir, les patine pour les fondre dans un temps primitif. Puis les photographie à la chambre — la photographie n’est qu’une étape parmi tant d’autres.

Jean-Michel Fauquet est-il d’ailleurs photographe? N’est-il pas plutôt l’inlassable stimulateur d’une mémoire impossible à renaître? Il n’y a pourtant pas matière à désespérer; de tout ce noir jaillira fatalement la lumière. Toujours faible voire improbable mais essentielle pour espérer vivre un jour ce que nous avons oublié.»

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