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Loan Nguyen

PAriane Carmignac
@12 Jan 2008

Dans les photos de Loan Nguyen, sortes de «mises en scène improvisées», on balance toujours entre la rencontre fortuite et l’ébauche d’une histoire: peut-être un voyage initiatique, ou un retour sur les lieux imaginaires de l’enfance…

Un mont verdelet aux formes voluptueuses, de subtils effets de brume sur papier mat, de vastes paysages aux couleurs douces et accueillantes investis par de petits personnages… Voilà ce qui attire le regard dans les photographies en grand format de Loan Nguyen qui réussit la subtile alchimie entre le «portrait» de paysage et la représentation de personnes.

Cette suite d’une douzaine de photographies fait la belle démonstration du jeu dialectique entre intériorité et extériorité, méditation et extase. Ainsi l’artiste ne tranche pas, elle choisit en permanence les deux, dans des sortes de «mises en scène improvisées» qui pourraient être de petits contes zen.

Quelques-unes de ces images ont pour actrice l’artiste elle-même, que l’on voit ramassant un avion en papier rouge trouvé sur une colline, contemplant sur un débarcadère l’eau à ses pieds, ou laissant s’échapper du sable des ses mains, sur une dune. Ce sont autant de postures et de scènes méditatives qui donnent l’impression d’un «instant décisif» indéfiniment retardé.

Notre contemplation de ces endroits apaisés, déjà incarnée dans l’image par tous ces petits génies du lieu, s’arrête alors sur les détails qui composent, à leur corps défendant, ce tout harmonieux. Murs décrépits d’un court de tennis, traces claires sur un sol poussiéreux, dessous d’un pont d’autoroute en volute, marques sur une vitre…
Il s’agit tout autant de célébrer le lieu sans trop y toucher que de manifester sa présence, son existence à l’intérieur de celui-ci, même le plus banal, même — et surtout — par des jeux. Jeux d’ombres et de lumières, justement, qui, en opérant un recadrage à l’intérieur de l’image, indiquent la complicité ambiguë qu’entretient le personnage avec son «cadre». Parfois même, comme dans Village de montagne, c’est le personnage qui, d’autorité, tente d’accrocher un cadre dans une rue, sur un mur.

On balance toujours entre la rencontre fortuite et l’ébauche d’une histoire: peut-être un voyage initiatique, ou un retour sur les lieux imaginaires de l’enfance (comme semble le suggérer G. Schore dans Essence du contemplatif, remarques à propos des photographies de Loan Nguyen).

Loan Nguyen
— Petite Maison, 2005. C-print, contrecollé sur aluminium, encadrement en bois. 80,5 x 64,3 cm.
— Nuages, 2000. C-print, monté sur aluminium, sous plexiglas avec encadrement en bois de chêne. 161,5 x 129 cm.
— Vue de halong, 2005. C-print, contrecollé sur aluminium, encadrement en bois. 80,5 x 64,3 cm.
— Khiem-Pied, 2005. C-print, contrecollé sur aluminium, encadrement en bois. 80,5 x 64,3 cm.
— Pierre, 2003. C-print, contrecollé sur aluminium, encadrement en bois. 80,5 x 64,3 cm.
— Village de montagne, 2004. C-print, monté sur aluminium, sous plexiglas avec encadrement en bois de chêne. 80,5 x 64,3 cm.
— Avion rouge, 2004. C-print, contrecollé sur aluminium, encadrement en bois. 160 x 120 cm.
— Arbre et homme, 2005. C-print, contrecollé sur aluminium, encadrement en bois. 160 x 120 cm.
— Tennis+moi, 2000. C-print, monté sur aluminium, sous plexiglas avec encadrement en bois de chêne. 160 x 120 cm.
— Débarcadère, 2000. C-print, monté sur aluminium, avec encadrement en bois de chêne. 160 x 120 cm.
— Maison nuit, 2005. C-print, contrecollé sur aluminium, encadrement en bois. 80,5 x 64,3 cm.

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