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Livraison n°2 : art & anonymat

Un numéro qui s’attache à pister l’anonymat dans l’art. Du nom au pseudonyme, en passant par le faussaire et le collectif, chaque contribution se veut une proposition nouvelle au thème avancé. Loin d’être doctoral, Livraison offre une vision alternative et oblique d’un sujet qui ne l’est pas moins.

— Directeur de publication : Nicolas Simonin
— Éditeur : Rhinocéros, Strasbourg
— Parution : printemps 2003
— Format : 24 x 16,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et noir et blanc
— Pages : 162
— Langue : français
— ISSN : 1631-218X
— Prix : 10 €

Présentation

L’anonymat pour rhinocéros ?

Se positionner, voilà bien l’opération la plus usée de la civilisation. Se rendre identifiable, repérable, récupérable, se constituer comme cible ou otage : logique guerrière, stratégie militaire, terrorisme. Et c’est pour cela que le monde est si fatigant et fatigué. Une fois conquises, il faut camper sur ses positions et les défendre à tout prix. Et du coup, c’est figer le mouvement, durcir le rapport ou le conflit, bloquer la respiration, en attendant l’issue ou l’assaut final.

Or, s’il y a une position à prendre par rapport à l’anonymat, c’est peut-être celle de ne pas en prendre et de laisser la question ouverte. Même « faible », « flasque », « ingrat », « fuyant », « indifférent », « distant », « vil », rhinocéros préfère s’allonger dans l’herbe et brasser du vent.

rhinocéros ouvre sa gueule et fait le pari de laisser les propositions d’artistes, etc., de ce numéro inclassés et inclassables, de les faire flotter et de les mettre en mouvement au risque de paraître confus, indécis, réservé…

L’étrangeté liée à l’anonymat réside dans le fait qu’il n’est approprié à rien. L’anonymat, c’est aussi le nombre. Et sans doute bien d’autres choses encore. Et notamment l’implicite, une forme de résistance au mot d’ordre de l’affirmation et de l’alternative obligatoire oui-non. L’implicite est inacceptable pour toute société parce qu’il désigne justement ce qui échappe au pouvoir.

Derrière toute position tranchée : l’arrogance, la prétention, la maîtrise, le dogmatisme, l’obligation de parler, ce que Barthes appelait le « fascisme de la langue ».

Au contraire, ce qui fonde la vitalité de l’anonymat, c’est sans doute son caractère imprévisible, conditionnel, dubitatif, impertinent, interrogatif, silencieux, déplacé, incontrôlable, indifférent. Cette vitalité, la société ne la reconnaît pas.