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Livraison 13

Ce numéro sur le langage et la typographie se veut un espace de réflexion et création transversal. Deux types de contributions sont proposées : des contributions théoriques d’une part, et des propositions plastiques (créations typographiques et expérimentations récentes ou en cours notamment) d’autre part.

Information

Présentation
Benoît Buquet, Caroline Fabès, Pierre Roesch, Lucas de Groot, Jean-Baptiste Levée, Stéphane Darricau,…
Livraison 13

Le numéro 13 de la revue livraison se propose d’aborder la relation entre langage et typographie selon deux axes complémentaires: le langage en tant que proposition linguistique mise en forme par la typographie, la typographie comme langage graphique,ayant sa structure (syntaxe, vocabulaire), ses modalités d’énonciation (support livre, affiche, etc.), ses producteurs (graphistes, typographes) et ses lecteurs.

Matière physique de l’écriture et de la pensée qu’elle matérialise, la typographie est le lieu d’une rencontre entre un contenu linguistique et un signe plastique, entre une idée et une mise en forme destinée à la fixer. Le caractère typographique cependant, de par sa forme, son origine et son style, engage dans cette rencontre sa propre histoire, se faisant ainsi le vecteur d’une signification concurrente impossible à négliger. De cette superposition des signes – plastique / linguistique -naît un discours sur le discours, un méta discours dont les modalités d’énonciation sont déterminées par les infinies possibilités offertes par la production typographique. La forme de la lettre« fait référence à » une culture, une époque, un contexte.

Un texte littéraire, une enseigne de magasin, un nom dans le génériqued’un film… omniprésente, la forme typographique modifie notre perceptionde l’information. Au-delà du rapport de dénotation entre le mot et son référent, un des thèmes de ce numéro concerne la connotation typographique, c’est-à-dire le commentaire, la référence, la citation, toute la dimension annexe, ayant son vocabulaire stylistique et sa syntaxe.

La catégorie générale langage/parole, «extensive à tous les systèmes de signification» selon Barthes, s’applique de ce fait à la forme typographique,faisant appel dans cette optique à une approche sémiologique des formes. Typographier un mot, une phrase, un texte, c’est en détourner la signification, c’est lui faire dire une chose qui échappe à son énonciation. Robert Bringhurst rappelle à ce sujet que «La typographie est à la littérature ce que la performance musicale est à la composition : un acte essentiel d’interprétation[…]»

L’interprétation soulève par ailleurs la question de la création et de sa réception : une autre approche proposée à l’occasion de ce numéro concernera les producteurs et les lecteurs, leurs habitudes et leurs pratiques. De la même manière que le sens du discours n’advient que dans une situation d’échange,le sens du langage typographique n’est pas à chercher uniquement dansses propriétés stylistiques, mais aussi dans sa valeur d’usage. Les registresde langages graphiques (châtié, négligé, relâché, etc.) traduisent ainsila maîtrise qu’en ont les producteurs et invitent à considérer les productions dans leurs environnements singuliers (travaux de commande, campagnede communication, propositions artistiques, etc.).

Il s’agit ici d’aborder les usages et la fonction sociale du caractère typographique, en le réinscrivant dans un contexte social de production proprement humain qui détermine pour une bonne part les pratiques, les goûts, les modes, les conventions, les codes et les règles, produit des rapports sociaux dans lesquels sont engagés les producteurs et les lecteurs.