ART | EXPO

L’Irremplaçable expérience de l’explosion de Smoby

07 Avr - 04 Juin 2011
Vernissage le 06 Avr 2011

Anita Molinero refuse toute concession à une esthétique de l’élégance et de la séduction, réfute toute conception hygiéniste de l’oeuvre pour travailler avec des matériaux pauvres et synthétiques qu’elle malmène.

Communiqué de presse
Anita Molinero
L’Irremplaçable expérience de l’explosion de Smoby

Son travail souvent jugé formellement à l’aune de la sculpture anglaise, représentée par Tony Cragg et Bill Woodrow, est plus proche dans l’esprit de celui d’Hélio Oiticica ou de David Hammons, dont les oeuvres traduisent un engagement sensible, radical et politique.

Les premiers travaux d’Anita Molinero procèdent par arrangements d’objets rebuts: bouteilles, bidons, morceaux d’étoffes, bouts de carton, fragments de mousse synthétique, pierres, briques, etc. Elle les agence et les assemble avec une économie de gestes. Depuis 1995, elle développe a contrario une sculpture de l’effet. Elle manifeste une prédilection pour les matériaux synthétiques, (plaques de polystyrène extrudé, onduline transparente, film plastique étirable), les éléments urbains ordinaires en plastique (plots de chantier, containers, pneus et phares de voitures, etc.), et plus récemment, les maisonnettes pour enfants. Le fort impact visuel de ses oeuvres tient dans leur présence physique, dans leur chromatisme artificiel mais surtout dans la violence des traitements infligés aux matériaux qu’elle brûle, troue, creuse et étire à l’aide de décapeurs thermiques, de chalumeaux ou de sèche-cheveux.

Cette véhémence induit une pratique ambivalente dans laquelle le principe de création est intimement lié à celui de destruction. Les matériaux s’arrachent alors dans leur réalité moléculaire et leur ductilité quasi-organique. Anita Molinero recoure fréquemment à l’image de «l’hystérie» à propos des enjeux à l’oeuvre dans son travail. Elle utilise ce terme non pas dans son acceptation clinique, mais avant tout pour désigner une volonté de puissance, de domination de la matière, un état de jouissance et de «dépossession de soi». L’hystérie et son iconographie résonnent par ailleurs comme la figure métaphorique des contorsions et des déformations auxquelles les matériaux de ses sculptures sont soumis sous l’action de la chaleur.

Si par leur matérialité, leur origine manufacturée, leur diffusion de masse, leur destination (la rue et l’urbanité), les matériaux et les objets qui constituent ses oeuvres indexent notre réel, pour autant la démarche d’Anita Molinero ne s’apparente pas au Pop Art et à une fascination induite pour notre contemporanéité. Elle évoque davantage un monde «postindustriel», un après «Tchernobyl» où les relations entre menaçant et menacé, pollueur et pollué sont pour le moins inextricables, pour le pire incestueuses. Son travail n’ est pas militant dans le sens où il ne désigne pas un adversaire identifié. Il suggère d’une manière bien plus subtile et plus complexe la menace invisible du nuage.

A l’occasion de «L’Irremplaçable expérience de l’explosion de Smoby», Anita Molinero présente un ensemble de pièces récentes ainsi qu’une nouvelle production, mélangeant maisonnettes pour enfants et pièces mécaniques d’automobiles. Cette dernière donne pour partie son titre à l’ exposition.

Vernissage
Mercredi 6 avril. 18h-21h. En présence de l’artiste.

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