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L’imitation d’Anne

PGéraldine Selin
@12 Jan 2008

Des dessins, des photographies et deux sculptures qui interrogent la condition féminine ainsi que les relations entre le lieu du travail artistique et le domaine du marché de l’art, entre artiste et galeriste.

La galerie Anne de Villepoix montre les derniers travaux de Rosemarie Trockel sous le titre « L’Imitation d’Anne ». On présente souvent Rosemarie Trockel comme quelqu’un qui réfléchit sur la condition féminine, sur les relations entre le lieu du travail artistique et le domaine du marché de l’art, entre artiste et galeriste.

La galeriste Anne de Villepoix fait elle-même l’objet de portraits photographiques qui la représentent tantôt dans le collage grossier d’une image qui pourrait être celle d’un générique de film (Anne de Bond), tantôt en personnage frêle tout en mouchetis disparaissant sous l’anamorphose de sa chevelure (The Non Existing Privileged Woman), ou encore en femme aventurière avec une jeep en arrière plan (Anne exotique problématique). Autant de clichés de l’identité « femme ». Qu’est-ce que la femme dans nos sociétés occidentales ? Quelle est cette femme à qui on dédie une journée, pour laquelle on éprouve le besoin de marquer une case dans le calendrier ?

Sont également exposées deux sculptures, Le Fantôme de la liberté et Imitation of life, qui tiennent à la fois d’une tendance minimaliste et de ce que l’on a appelé la « sculpture cinétique ». Des panneaux d’aluminium amovibles grâce à un accrochage souple qui peuvent être animés d’un léger balancement par le toucher. Leur proximité avec le titre d’une photographie Ce que nous voyons, ce qui nous regarde fait penser au livre de Georges Didi-Huberman du même titre. L’historien y envisage les œuvres minimalistes des sculpteurs Donald Judd, Robert Morris, Tony Smith, Carl André ou Sol Le Witt comme chaque fois une « expérience intersubjective » où l’objet devient « une sorte de sujet ». Il questionne ce moment où ce qui nous regarde interfère avec ce que nous voyons, moment qui évite à la fois la croyance (saturation de sens) et la tautologie (absence de sens), qui montre que voir est « une opération de sujet » qui ne se laisse pas nommer. Qu’y a-t-il à voir dans les sculptures de Rosemarie Trockel ? Quand on pose la question de comment les voir, on se demande en fait comment les dire. 

Rosemarie Trockel
— L’Amitié franco-allemande, 2003. Dessin stylo à bille. 27 x 37 cm.
— Un visiteur qui vient rarement dans une galerie…, 2003. Dessins stylo à bille. 27 x 37 cm.
— Anne exotique problématique, 2003. Photo, tirage Lamda sur papier laser. 80 x 60 cm.
— Ce que nous voyons, ce qui nous regarde, 2003. Photo, tirage Lamda sur papier laser. 80 x 60 cm.
— Cube of Melting Memories, 2003. Photo, tirage Lamda sur papier laser. 80 x 60 cm.
— Empty the Pond to Catch a Fish, 2003. Photo, tirage Lamda sur papier laser. 80 x 60 cm.
— L’Inspiration dangereuse, 2003. Photo, tirage Lamda sur papier laser. 80 x 60 cm.
— Little Moscou in Paris, 2003. Photo, tirage Lamda sur papier laser. 80 x 60 cm.
— Model with Stripes, 2003. Photo, tirage Lamda sur papier laser. 80 x 60 cm.
— o.T. (Anne de Bond), 2003. Photo, tirage Lamda sur papier laser. 80 x 60 cm.
— o.T. (My Tribute to Carol Rama), 2003. Photo, tirage Lamda sur papier laser. 80 x 60 cm.
— Point of no Return, 2003. Photo, tirage Lamda sur papier laser. 80 x 60 cm.
— The Non Existing Privileged Woman, 2003. Photo, tirage Lamda sur papier laser. 80 x 60 cm.
— Le Fantôme de la liberté, 2003. 4 plaques d’aluminium couleur champagne sur dibond, galons noirs en coton. 184 x 184 x 19 cm.
— Imitation of Life, 2003. 7 plaques d’aluminium peintes en noir sur dibond. 180 x 40 cm chaque, 367 x 290 cm installé. 

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