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L’image, le sensible et le photographique

L’image et la photographie peuvent-elles faire voir du désir, montrer l’invisible, montrer du subjectif et du pensé, des concepts, des pulsions, de la théorie? Ou au contraire la photographie est-elle vouée au sensible? Voici quelques-unes des questions auxquelles cet ouvrage tente d’apporter une réponse à travers une série de textes théoriques.

Information

Présentation
Steven Bernas
L’image, le sensible et le photographique

Le discours communicationnel imagine que l’image porte un sens, un discours, un message. Des théoriciens envisagent que l’image est une empreinte et une incarnation, une ressemblance informe, d’autres qu’il s’agit d’un conflit entre le visible et l’invisible, qu’elle est aussi une icône, la face sacrée de l’absolu religieux. Pour la sémiologie, l’image est un indice, un signe, un symbole que l’on code et que l’on charge. D’autres l’ont envisagée, comme une enveloppe d’une subjectivité qui la fantasme. Dans le sensible, nous sommes au-delà des images et des messages.

L’image et la photographie peuvent-elles faire voir du désir, montrer l’invisible, montrer du subjectif et du pensé, des concepts, des pulsions, de la théorie? Ou au contraire la photographie est-elle vouée au sensible? Comment s’opère le mélange du sensible aux données du visible dans le travail photographique de recherche et de création? L’image ne renvoie-t-elle qu’à elle-même ou est-elle émergence de l’invisible, dispersion du réel, travail sur la méconnaissance de l’invu, recherche du méconnu dans ce qui est au monde? La photographie expérimente-t-elle le sensible au sens de Benjamin, ou est-elle sa énième négation, forme évidente du conformisme en théorie comme en art? Cet ouvrage a pour objectif d’apport une tentative de réponse à quelques-unes de ces interrogations.

Avec les textes de: Edmond Couchot, Jean-Claude Lemagny, Steven Bernas, Muriel Berthou, Julien Verhaegue, Jean Arrouye, Lydie Rekow-Fond, Lorraine Alexandre, François Soulages, Leyla Rezzoug, Sébastien Galland, Hélène Saule-Sorbé, Jean-Louis Déotte, Karine Grosn Julien Milly, Maxime Casin et Giusy Pisano, Serge Verny, Jamil Dakhlia et Isabel Pires.

«A défaut de connaître le sensible, notre culture a voulu au cours des siècles le contrôler, et contrôler le corps, mettre de l’électricité au cerveau ou dans le sexe. On a fait cela et plus encore au nom du savoir. On a voulu mesurer, classer pour mieux asservir le Corps sensible. En tenant les pulsions du corps on bâillonnait plus aisément les esprits et les désirs, on asservissait aisément la conscience sous la menace. On continue.

Cette volonté de tenir les langues et les corps n’a jamais cessé. Construire l’hégémonie de la foi et le contrôle de la sensation à des fins discursives est en rapport direct avec la méconnaissance et l’interdit de disposer de son corps, de révéler l’amour par les sens.
Le sujet libéré de cette soumission au discours encratique perçoit le monde et dit son fait à la réalité imposée par ceux qui règnent sans partage sur la politique actuelle de déni des sens.

Un clair partage entre réalité et fiction, intelligible et sensible, pensée et réalité, indique combien la scénarisation du réel construit les représentations du monde. Cette façon de superposer un discours dominant en fonction des représentations imposées installe le spectateur devant le miroir de fictions culturelles. Il n’y a pas de fabrique du sensible mai un engorgement des sens sursaturés.

De Foucault à Deleuze, une méfiance de l’ordre se manifeste au point que la fiction du pouvoir s’adosse aux images afin d’en faire un objet de puissance, de déploiement du logos et du savoir. En réalité, l’image ne discourt pas, n’a pas de sens, elle agit sur les sens. C’est l’homme qui l’instrumentalise et la fait parler en son nom.»

Sommaire
— Présentation: Le sensible et l’image, par Steven Bernas
— Chapitre I: Le sensible et le photographique
— Chapitre II: Le sensible contemporain
— Chapitre III: Espace sensible et art contemporain
— Chapitre IV: Le sensible dans les art et les médias