LIVRES

L’Image du monde dans le corps du texte

Deux volumes autour du corps, du langage et de la perception. Un ensemble d’essais pour évoquer la création à travers tous ses médiums (arts plastiques, cinéma, littérature, etc.), et mettre en avant l’unicité de l’homme et ses multiples représentations.

— Éditeur : La Lettre volée, Bruxelles
— Collection : Essais
— Année : 2003
— Format : 21 x 15 cm (2 volumes)
— Illustrations : quelques, en noir et blanc
— Pages : 300 et 338
— Langue : français
— ISBN : 2-87317-200-2 / 2-87317-201-0
— Prix : 38 € chaque

Présentation
par Jacinto Lageira (p. 11-12)

Les textes ici rassemblés traitent du corps, du langage et de la perception. Que les médiums étudiés soient aussi divers que la peinture, la photographie, la littérature, la danse, le cinéma, la vidéo, la sculpture ou l’installation, et que les œuvres soient aussi différentes dans leurs visions du monde, voire antagonistes, semble être la moindre des choses pour une critique qui voudrait rendre non seulement compte de l’art moderne et contemporain, mais surtout du projet humain qui s’y trouve inscrit. Au moment où nous assistons, une fois encore, à de considérables avancées de la techno-science, à des spécialisations en tout genre, à des démantèlements du social, à des fragmentations du politique, à la mise en place de nouvelles idéologies guerrières, l’art semble être de peu de secours face à ces réalités. Bonnes ou mauvaises, les grandes transformations de la réalité humaine ne surviennent pas à travers l’histoire de l’art, mais à travers l’histoire tout court. Et si concevoir l’art comme la sphère d’une vraie vie située en dehors de la réalité ou comme le lieu de transformation radicale de la réalité demeure toujours aussi naï;f et inconséquent, réfléchir au sens de son projet humain n’est pas une vaine tentative. Il ne faudrait pas affirmer, selon l’adage latin, que l’art est un, ses espèces mille (ars uno, species mille), mais bien plutôt que l’homme est un, ses arts mille. Plus que de déclinaisons ou de variantes sur les thèmes signalés, il s’agit ici d’une tentative de repenser cette unicité de l’homme que l’on croit perdue, oubliée ou détruite, et d’analyser les modalités de ses différentes représentations.

Aussi, même si l’on retrouve en chaque volume des articulations principales concernant le corps, le langage et la perception, dans la mesure où certains groupes d’œuvres se focalisent sur tel ou tel aspect, toutes les approches mobilisent cependant les trois instances, non seulement parce qu’elles sont indéfectiblement liées par nature, mais parce que la démonstration de leur interdépendance est fondamentalement le but ici poursuivi. La disparité des productions artistiques retenues n’est donc qu’apparente, car si leur teneur et forme sont parfaitement singulières, les sujets auxquels elles s’adressent sont physiquement et intellectuellement les dépositaires de l’unicité à construire.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions La Lettre volée)

L’auteur
Jacinto Lageira enseigne l’esthétique et l’histoire de l’art à l’École des beaux-arts du Mans, ainsi qu’à l’université de Paris I – Panthéon-Sorbonne. Critique d’art, il collabore régulièrement à la revue Parachute. Il a récemment publié Des premiers mots aux derniers silences, Gary Hill (Éditions du Regard, 2001); Michael Snow. Des écrits (avec Jean-Michel Bouhours), (Ensba, 2002); D’après Ger van Elk (La Lettre volée, 2002).