LIVRES

Lily van der Stokker. Friendly Family

Dessins et wallpaintings très 70’s, période flower power. Un univers décoratif et ornemental très féminin, ponctué de phrases-slogans, qui n’est pas sans rappeler certains dessins et gribouillis de cahiers de collégienne (à l’échelle 1000 !). L’optimiste Van der Stokker élève la mièvrerie, la sentimentalité, la gentillesse... au rang des Beaux-Arts.

— Éditeurs : Les Presses du réel, Dijon / Fage, Lyon / Janvier
— Collection : Art contemporain
— Année : 2003
— Format : 20 x 26 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 486
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-84066-083-0
— Prix : 50 €

Fleurs de cactus
par Anne de Pontégnie (extrait, p. 323-324)

Dessins ou peintures murales, chacune des Å“uvres de van der Stokker est composée d’un ensemble d’éléments : motifs décoratifs, couleurs et mots qui, indissociables, jouent chacun un rôle spécifique. Les motifs permettent à l’artiste de signifier un univers : féminin, puéril, echanté et frivole sans avoir à le représenter. Les artistes de l’appropriation, de Cindy Sherman à Barbara Krüger, de Richard Prince à Jeff Koons utilisent des clichés issus de la publicité et du cinéma pour signifier la perte de l’expérience dans ses représentations, confirmant leur puissance en même temps qu’ils la dénoncent. Plus proche en cela d’un Mike Kelley à qui elle a été comparée, Lily van der Stokker voit dans cette perte même l’occasion de libérer un ensemble de valeurs que le modernisme avait systématiquement refoulées. L’ornement, éliminé par la rationalité moderne, devient pour elle – en raison de cet ostracisme – l’emblème de ces autres exclus que sont le bonheur (inconvenant), la féminité (futile), le quotidien (trivial) ou la gentillesse (mièvre). C’est un des tours de force de l’œuvre de Lily van der Stokker que d’utiliser des éléments, connotés positivement, pour le rôle négatif que le modernisme leur a fait jouer et c’est en leur assignant les deux rôles simultanément, le bon et le méchant, que l’artiste parvient, comme elle l’a souhaité, à « trouver une méthode pour briser les barrières de la normalité et atteindre un lieu où il n’y a ni bien ni mal ».

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions des Presses du réel)

L’artiste
Lily van der Stokker est née en 1954 à ‘s-Hertogenbosch, Pays-Bas. Elle vit entre Amsterdam et New York.